vendredi 10 mai 2019

Exposition "Portraits autour de Colette" à la Librairie Busser



«  Nous ne regardons, nous ne regarderons
jamais assez, jamais assez juste, jamais assez passionnément »
De ma fenêtre Colette


Lire c'est regarder. Dessiner, peindre c'est regarder aussi regarder. Aussi en lisant, en dessinant au fil de mon parcours d'ancienne éditrice aujourd’hui chroniqueuse littéraire et illustratrice, je me suis retrouvée dans les pas de Sidonie-Gabrielle Colette.  Femme unique et multiple aussi libre qu’un oiseau, affranchie de toutes les conventions sociales et culturelles, Colette est une sorte de « slacheuse »  du siècle dernier en avance sur son temps.  Immense écrivain, mime, danseuse, actrice, journaliste, publicitaire et même marchande de produits de beauté,  ce n’est pas  moins de neuf vies qui lui ont été données comme pour les chats qu’elle aimait tant. C’est par le prisme de tous ses visages au fil du temps jamais perdu, immortalisés à l’époque par les plus grands photographes, que je propose ces portraits de Colette réinterprétés à l’encre et à l’aquarelle. Je les réalise directement au pinceau, sans dessin préalable,  dans une force de vérité que je cherche à atteindre dans l’immédiateté de l'instant, sans repentir, sans remord.  Ces portraits je les étend aux proches de l’écrivain sous forme de carnets de croquis, de leporello: famille, amis, fidèles animaux de compagnie, sans oublier ses livres et sa maison. Ma façon à moi d'essayer d'embrasser une partie de sa vie, son œuvre. Et la partager.

Exposition à la Librairie Busser 
37 rue Monge Paris 5em
Du 15 mai au 22 mai 2019 
Dans le cadre du  Festival Quartier du Livre  



La Maison de Colette vue du jardin du haut à Saint Sauveur en Puysaie
" J'appartiens à un Pays que j'ai quitté" 
Les Vrilles de la Vigne Colette




lundi 11 mars 2019

Librairie ICI Paris



Elle s’appelle tout simplement ICI, car cela se passe ici et pas ailleurs. Quel joli nom, simple et percutant.  Avec sa remarquable devanture design d’un subtil rouge orangé, elle vient d’apparaître cet automne à Paris sur les grands boulevards. C’est la plus grande librairie indépendante jamais ouverte depuis vingt ans dans la capitale. On ne fera jamais assez de place à la lecture. C’est immédiatement ce qui vous vient à l’esprit en découvrant cette toute jeune et pourtant si grande librairie de 500 mètres carrés répartis en deux niveaux. Vous vous souvenez alors de ce temps où une grande chaîne  de magasins culturels se targuait qu’on ne ferait jamais assez de place à la musique avant de fermer ses portes une à une, dont son vaisseau amiral parisien le mégastore des Champs Élysées.  Et bien, c’est justement en faisant leurs armes chez Virgin que Anne-Laure  Vial et Delphine Bouétard  se sont rencontrées, ont appris leur métier de libraire et à voir les choses en grand. Si à l’époque la crise du disque et la hausse des loyers ont eu raison de leur ancienne et prestigieuse  maison, elles gardent une foi indéfectible en  la capacité de mobiliser les lecteurs grands et petits,  autour d’un vaste lieu consacré à la lecture, aux rencontres, aux échanges. «  Depuis 2012 nous imaginions créer toutes les deux une grande librairie qui serait un véritable lieu de vie, de respiration et d’évasion ouvert à tous » nous confie Delphine Bouétard. « Et surtout avoir l’offre la plus large possible, pour répondre aux espérances de chacun» rajoute  Anne –Laure Vial. C’est aujourd’hui chose faite avec ce lieu  spectaculaire conçu par le jeune studio d’architectes Briand&Berthereau qui a fait de cet ancien magasin de vêtements un véritable écrin de bois de bouleau clair pour les 40.000 livres disponibles. Au sous-sol où auparavant il y a eu un cinéma et les célèbres boites de nuit  « Le Pulp » et « Le Scorp », vous trouverez  un vaste espace avec 4 ,5 mètres de hauteur sous plafond, meublé d’estrades en forme d’agora pour y lire et y organiser des événements, des rencontres, des ateliers.  Si l’envie vous prend de vous poser autour d’une douceur et d’une boisson,  direction le coin café « Coutume »  où l’as de la torréfaction vous  propose une restauration légère salée-sucrée à toute heure.  Rencontre avec deux héroïnes modernes qui face au géant Amazon affichent une audace pleine d’optimisme « Même pas peur. Les rapports humains , le conseil feront la différence»  nous répondent elles en chœur, confiantes en l’avenir. Alors justement, écoutons leurs si précieuses recommandations de lecture.

En cette fin de rentrée littéraire quel a été votre gros coup de cœur ?
« Arcadie » d’Emmanuelle Bayamack-Tam (Éditions P.OL). L’histoire d’une enfant dont on suit le délicat passage de l’adolescence à l’âge adulte au sein d’une communauté dirigée par un chef spirituel. Son corps de jeune fille se transforme et son identité évolue pour tendre vers un autre genre que le sien. C’est un roman drôle, intelligent, subversif, impertinent et écrit magnifiquement. Un véritable tour de force littéraire.

Et du côté des auteurs étrangers, que nous conseillez-vous ?
«Moi ce que j’aime, c’est les monstres » d’ Emil Ferris  «Éditions Monsieur Toussaint Louverture). C’est un roman graphique qui est de la littérature à l’état pur. Une sensation de lecture exceptionnelle tant les textes sont aussi puissants que les dessins sont spectaculaires. Les uns sont totalement dépendants des autres et jamais les uns ne prennent le pas sur les autres. C’est stupéfiant.

Y a-t-il un premier roman qui vous a particulièrement marqué ?
« Par les écrans du monde » de Fanny Taillandier  (Éditions du Seuil). Au départ on s’est dit, ça va être un énième roman sur le 11 septembre et au final on a été plus qu’impressionnées.  C’est une réflexion brillante et pourtant simple dans son expression, qui dénonce le jeu des apparences, de l’irrationalité et de la fascination que les images exercent sur nous.

Quel est le livre que vous défendez avec ferveur et  qui est le plus emblématique de la librairie.
Pour moi, nous dit Anne Laure, c’est « À la recherche du temps perdu » de Marcel Proust que j’ai découvert il y a dix ans et ça a été une vraie claque. Pour moi c’est l’écrivain qui provoque le mieux des images mentales dans le cerveau du lecteur. Et c’est pour cette raison qu’au final il est plus facile à lire qu’il n’y paraît, alors que beaucoup s’en font une montagne. Et Delphine de nous confier « Pour ma part c’est « Le livre de l’intranquilité» de Fernando Pessoa (Christian Bourgois Editeur) que vous trouverez en pile dès que l’on entre dans la librairie. Un livre vers lequel elle je reviens toujours, inlassablement.

Quel livre vous êtes-vous promis de lire ?
«  J’avoue n’avoir jamais lu Céline » nous répond Anne Laure. Et moi Duras »  s’exclame Delphine.

Une brève de librairie :

On ne sait pas si c’est un signe, un message, un présage, mais le premier livre que l’on a reçu sur les 40.000 ouvrages commandés était un livre sur le plan comptable. On s’est dit qu’on espérait avoir mieux à lire très vite.

Librairie ICI
25 Boulevard Poissonnière
75005 Paris
01.85 01 67 30

Librairie Les parleuses à Nice



« On a trente ans, si on ne le fait pas maintenant on ne le fera jamais ». C’est comme cela que ces deux jeunes trentenaires, Anouk Aubert et Maude Pouyé ont fait le saut de quitter l‘Éducation nationale pour réaliser leur rêve : créer leur librairie et par la même occasion quitter Paris. C’est ainsi qu’il y a deux mois elles ont ouvert à Nice « La librairie Les parleuses » à deux pas du Musée d’art contemporain, dans un quartier en pleine mutation. Elles s’y sentent d’ores et déjà si bien, qu’elles viennent le racheter le café en face de la librairie, où elles organisent dédicaces et rencontres.  C’est en l’honneur d’un ouvrage  de conversations de  Marguerite Duras et de Xavière Gauthier qu’elles ont baptisé leur enseigne « Les parleuses ». Ce titre de livre leur va bien à toutes les deux qui aiment tant échanger entre elles ou avec les lecteurs de leur passion commune pour la littérature.  

Quel roman nous conseillez-vous de découvrir ?
« Ça raconte Sarah » de Pauline Delabroy-Allard (Editions de minuit).  L’histoire d’un amour fou entre une violoniste et une prof de lycée. On dépasse très vite le fait qu’il s’agit de deux femmes. Cette passion dévorante est totalement universelle.  La structure narrative est étonnante et le sujet traité avec ambition. Pour un premier roman, on a été bluffées.

Et du côté des auteurs étrangers quel est votre dernier coup de cœur ?
« La seule histoire » de Julian Barnes (Mercure de France). On y retrouve tout ce qu’on aime chez Barnes : sa touche britannique,  son univers, son style élégant. Il nous raconte l’histoire d’un amour entre un jeune homme de 19 ans et une femme de 48 ans, mariée, mère de famille.  Il n’y a aucune mièvrerie, aucun cliché. Ce texte est une critique sociale forte et Julian Barnes y livre beaucoup de lui même.
Mais  nous avons aussi  beaucoup aimé « Le bûcher » de György Dragomán (Gallimard du monde entier).  Un roman hongrois qui se passe en Roumanie. Une gamine de 13 ans orpheline est récupérée par une inconnue qui se présente comme sa grand-mère  et qui l’initie à des pratiques occultes.  Un roman captivant sur le traitement des juifs en Roumanie.

Y a-t-il un premier roman qui vous a particulièrement marqué ?
 « Frère d’âme » de David Diop  (Le Seuil). Son style est impressionnant, il nous embarque  dans la folie, la violence, la fureur de la guerre sur les traces de ces tirailleurs sénégalais au destin ensanglanté. 
Quel livre vous êtes-vous promis de lire ? 
Dans l’absolu - nous répond Anouk-  j’aimerais tellement parvenir à lire  « À la recherche du temps perdu » de Proust. Mais je n’y arrive pas, ça me plait et pourtant je décroche à chaque fois. 

La saison des prix d’automne est terminée, à qui auriez-vous donné le Goncourt ? 
Nous l’aurions  donné à David Diop  pour « Frère d’âmes »  (Le Seuil) 


Quel est le livre le plus emblématique de la librairie que vous défendez avec ferveur ?
Il y a bien évidemment « Les parleuses » de Marguerite Duras et Xavière Gauthier (Editions de Minuit) qui a donné son nom à notre librairie. Ce sont des entretiens qu’elles ont eus toutes les deux alors qu’elles étaient quelques jours à la campagne. Elles voulaient en faire un texte qu’elles auraient retravaillé, mais l’ont laissé tel quel, à l’état brut. Ainsi on a du « parlé – écrit », avec des silences, des répétitions, des incohérences, des hésitations. Elles interrogent la parole, sa portée. Mais il y a aussi « Je vous écris dans le noir » de Jean Luc Seigle sur le destin tragique de Pauline Dubuisson. On a découvert cet auteur récemment, c’est un très grand romancier dont on parle trop peu selon nous.  Ce qu’il écrit est populaire au sens noble du terme.  Ses sujets sont ambitieux, mais il rend la littérature accessible.  


Une brève de librairie :

Alors qu’on avait appelé la police municipale pour un problème dans le square en face, l’équipe est entrée dans la librairie. Une jeune femme officier de police, s’est alors intéressée aux livres sur les tables et nous a demandé conseil. Elle s’en est allée un roman sous le bras. Quelques jours plus tard, elle est revenue en civile pour racheter d’autres ouvrages. Elle n’était pas du tout lectrice avant et venait de découvrir qu’elle aimait ça. Voilà une anecdote qui nous a profondément touchées et qui illustre bien pourquoi on aime faire ce métier.  


Librairie les Parleuses
18 rue Defly
06000 Nice
04 93 01 27 34

Librairie Hisler-Even Metz




Née non pas au siècle dernier, mais au siècle d’avant, en 1880. Autant dire que cette librairie est l’une des enseignes les plus respectables et respectées de la ville de Metz. Une institution selon l’expression consacrée. Son activité d’origine était l’imprimerie. Au fil de son histoire, après le rachat notamment par Daniel Hisler il y a trente ans, la partie librairie s’est fortement déployée. C’est Simone Hisler qui est aujourd’hui capitaine du navire depuis la disparition de son époux en 1996. Cette femme grande lectrice qui s’occupait alors de sa famille a relevé le flambleau  avec succès. Sa plus grande fierté aujourd’hui est d’être entourée à la librairie de quatre de ses enfants sur cinq.  Il y a deux ans, elle a engagé des travaux et aujourd’hui c’est un vaste espace de 1300 mètres carrés sur deux niveaux qui offre un bel écrin tant pour la papeterie que pour les livres, sans oublier les arts graphiques. Le tout animé par une équipe de 15 libraires.  Si vous souhaitez vous poser autour d’une boisson pour vous plonger dans votre lecture, vous pouvez aller au « Café à la page » un espace pour consulter les livres en toute tranquillité. C’est assez rare pour le noter, ici on peut prendre son café en lisant. «  Les gens sont respectueux des ouvrages et c’est l’une des meilleures façons pour qu’ils repartent en l’achetant » nous explique Christine Forestier, libraire pilier des lieux qui nous reçoit aujourd’hui. Généraliste par nature la librairie organise des rencontres et  signatures pour tout public, mais s’attache particulièrement à proposer des rencontres et des animations pour les plus jeunes. Tous les évènements du calendrier du type Halloween, galette, mardi-gras… sont propices pour créer des ateliers créatifs, organiser des goûters et bien évidemment des lectures. Pour participer, il suffit juste de s’inscrire. « Ça met de la vie dans le magasin. On aime tous ces gamins qui courent librement. Pour nous c’est cette liberté-là qui est le vrai passeur des livres et des émotions qu’ils contiennent » nous déclare Christine Forestier dont on sent toute la passion qu’elle voue à son métier et l’attachement qu’elle porte aux lecteurs petits et grands. 

Quel roman nous recommandez-vous de lire ?
« Le malheur du bas « d’Inès Bayard (Albin Michel) qui est paru lors de la rentrée de septembre dernier. L’histoire d’une jeune femme bien installée dans sa vie personnelle et professionnelle. Jusqu’au viol qu’elle  subit de la part son patron. Tout ce bonheur va être balayé d’un coup. C’est un livre nécessaire, quoique fortement dérangeant. On l’a défendu ardemment même si nous avons eu des retours de lecture très tranchés, car le sujet est perturbant. C’est bien qu’il y ait débat en littérature. Et sur ce sujet en particulier,  c’est une nécessité

Et du côté des auteurs étrangers ?
« Les fureurs invisibles du cœur » de John Boyne (JC Lattès /Le Masque). En Irlande des années 40 à nos jours la vie de Cyril Avery. Né d’une fille-mère bannie, puis adopté par un couple dublinois aisé, on suit la quête d’identité de l’enfance à l’âge adulte de ce garçon sans famille. Un livre où on pleure, on rit. On s’attache au personnage  au fil de ses hauts, ses bas. Un roman riche d’enseignements sur la façon dont on se construit quand on ne connaît pas ses racines.


Y a-t-il un premier roman qui vous a marqué ?
« La vraie vie » d’Alice Dieudonné (L’Iconoclaste). Dans une résidence de lotissements, un couple et ses deux enfants vivent dans un pavillon où une chambre est réservée aux cadavres d’animaux que le père empaille. Ça donne tout de suite la tonalité du roman. Un jour, un accident va changer la personnalité du petit dernier de la famille. L’écriture est drôle malgré la violence. L’ambiance du livre est singulière, étrange et désespérée, mais captivante. 

Quel livre vous êtes-vous promis de lire ?
Le prochain roman de Véronique Ovaldé. J’aime son univers et tout ce qu’elle écrit. Je suis impatiente de la lire à nouveau. 

À qui auriez-vous donné le Goncourt ?
« Un monde à portée de main » de Maylis de Kerangal (Verticales). Un texte où j’ai appris plein de choses sur le monde du trompe-l’œil . Le tout porté par un très beau style. 

Quel est le livre le plus emblématique de la librairie que vous défendez avec ferveur ?
« Beloved » de Toni Morrison (10 /18) C’est le roman qui m’a donné l’impression vertigineuse d’être passé à côté de plein de livres. Il y a dans cette histoire un concentré d’humanité. C’est une lecture intemporelle hélas en ce qu’il dénonce un racisme qui est toujours d’actualité.  Un texte fondateur sur la maternité, la survie. 

Une brève de librairie
Quand un client vient nous demander un livre dont il a oublié le titre et l’auteur avec pour seule indication « il a une couverture bleue » avec mes collègues on aime jouer les détectives.   C’est un vrai moment réjouissant. On s’y met tous à fond. Et souvent la question c’est de trouver à quoi correspond la notion de couverture bleue. Et quand on trouve, tout le monde est content. Nous et le client. 

Hisler-Even
1 rue Ambroise Thomas
57000 Metz
03 87 75 07 11




Librairie du Marché à Deauville



Et si faire son marché c’était aussi s’approvisionner en bonnes lectures. C’est dans l’une des anciennes cases du vieux marché couvert de  la ville de Deauville qu’a été créée il y a 30 ans cette ravissante  librairie généraliste qui porte tout simplement le nom de son emplacement : « La librairie du marché ». Ce lieu, modeste par sa taille mais raffiné et de qualité par son offre, illustre parfaitement l’adage « Small is beautiful ».  David Ezvan, jeune libraire qui l’a reprise en 2000, a fait de la contrainte imposée par ses 25 mètres carrés,  une chance. Celle d’être exigeant dans ses choix pour le fonds et d’y insuffler une atmosphère très cosy. L’esprit même du marché génère aussi beaucoup de proximité et fait souffler sur le lieu une belle énergie propice aux rencontres, aux échanges entre lecteurs passionnés. « Ici on est comme un petit village, c’est le cœur battant  de la ville » nous explique David Ezvan qui nous accueille aujourd’hui pour partager avec nous ses derniers coups de cœur littéraires. 

Que nous recommandez-vous de lire en ce moment ?
« L’hiver du mécontentement » de Thomas B. Reverdy  (Flammarion) qui a été couronné du prix Interallié. J’ai été enchanté que ce roman sur fond de grèves en 78-79 en Grande-Bretagne ait été distingué en cette rentrée littéraire. Comme le très bon Goncourt «  Leurs enfants après eux » de  Nicolas Mathieu (Actes Sud). On ne peut être qu’heureux pour ces deux talents.

Et du côté des auteurs étrangers que nous conseillez-vous de lire ?
« L’appât » de Daniel Cole (Robert Laffont) . Après son best-seller international « Ragdoll » où un corps recomposé à partir de six victimes démembrées et rassemblées était découvert,  le Britannique revient avec le deuxième tome de sa trilogie aussi sanglant que captivant. C’est une suite, sans en être une. Un excellent thriller. 

Y a-t-il un premier roman qui vous a marqué ?
Il est sorti il y a un moment. C’est « Petit pays » de Gaël Faye (Le livre de poche).  C’est un récit assez facile à lire, très poignant sur un enfant confronté à la guerre civile au Burundi puis au génocide des Tutsis au Rwanda. 

Quel livre vous êtes-vous promis de lire ?
« Sérotonine » de Michel Houellebecq (Flammarion). Je vous avoue que j’y vais à reculons, mais j’y vais quand même. Je ne sais pas si ça mérite tant de bruit. En même temps c’est bien quand un livre fait l’événement.

Quel est le livre le plus emblématique de la librairie que vous défendez depuis toujours avec ferveur
« La recherche du temps perdu » de Marcel Proust (Gallimard). Quand les gens viennent en  Normandie en vacances et qu’ils ont un peu de temps devant eux, ils se disent souvent qu’ils pourront se plonger dans la Recherche. C’est lié à notre localisation et au fait que beaucoup se promettent de lire Proust. 

Une brève de librairie
Un jour un copain journaliste vient me voir à la librairie et me demande si je vends Stephen McCauley. Et là, caché derrière lui apparaît un homme. « Parce que je te présente Stephen McCauley ! » me dit mon ami, très amusé par sa surprise. Il y a aussi ce moment mémorable où Colum McCann qui était invité au festival du film américain de Deauville est passé à la librairie. Cela a été un moment exceptionnel  d’échanges pour moi, car j’admire profondément cet auteur. 

Librairie du marché
Place du Marché 
14800 Deauville
02. 31. 88.92.95



Livres en tête à Sallanches



«  Comme Obélix je suis tombée dans la potion magique quand j’étais petite », nous déclare Agnès Aimé pour nous raconter son beau et long parcours de libraire, métier qu’elle exerce avec sérieux sans se prendre au sérieux. Voilà trente-deux ans qu’elle a racheté cette librairie de Sallanches au pays du Mont-Blanc, après avoir fait ses armes à Chamonix tout juste sortie de ses études. C’est avec des amis, qu’à l’époque elle a trouvé le nom de la Librairie « Livres en tête ».  Elle trouvait que cela sonnait bien. Si au fil des ans elle a su tenir à distance l’usure du temps et garder une vitalité incroyable, cela  tient au fait selon elle d’exercer un métier où on a tout loisir de dire ce que l’on pense  et défendre librement ses goûts. C’est cette liberté-là dans ses choix qui est son secret de jouvence. Il y a dix ans elle a agrandi les lieux qui  font aujourd’hui 120 m2 avec au sous-sol un espace dédié aux expositions d’art qu’elle organise tous les mois et aux rencontres avec les auteurs qu’elle propose avec la même cadence. C’est billes en tête comme les livres, qu’elle nous confie avec l’enthousiasme qui la caractérise ses bons conseils de lecture.

Quel roman nous recommandez-vous de lire ?
« Terre Fauve » de Patrick Gain (Éditions le mot et le reste). C’est un auteur du coin qui nous offre un grand roman d’aventures façon Gallmeister. L’histoire d’un journaliste qui écrit une biographie sur quelqu’un de connu et se retrouve en Alaska où le personnage qu’il doit interviewer est littéralement odieux. Il s’ensuit des aventures assez noires.

Et du côté des auteurs étrangers que nous recommandez-vous ?
« Les spectres de la terre brisée » de S. Craig Zahler ( Éditions Gallmeister). Au Mexique en 1902, deux sœurs américaines sont kidnappées et contraintes à la prostitution. Leur père et leurs deux frères partent les libérer. C’est un  western impitoyable. Très sombre.  

Y a-t-il un premier roman qui vous a marquée 
« Par les rafales » de Valentine Imhof (Le Rouergue Noir)
C’est un polar par une romancière qui vit à Saint-Pierre & Miquelon. Une histoire menée à cent à l’heure, nourrie de beaucoup de références musicales, mythologiques. Un vrai roman rock, très réussi.

Quel livre vous êtes-vous promis de lire ?
Bientôt quand je serai à la retraite, je prendrai enfin le temps de lire Henry James.

Quel est le livre le plus emblématique de la librairie que vous défendez depuis toujours avec ferveur ?
La trilogie de la romancière norvégienne Herbjørg Wassmo « Le livre de Dina ». J’aime tout dans ces romans,  l’écriture,  l’univers, le caractère puissants des femmes qui sont aussi redoutables que détestables, mais toujours fascinantes. Un très beau conte cruel. 

Une brève de librairie

J’ai croisé Sylvain Tesson à Chamonix cet été. Il m’a fait la surprise de passer me rendre visite à « Livres en tête » pour me demander quel était mon dernier coup de cœur. Comme pour vous je lui ai indiqué le roman de Patrice Gain « Terre Fauve » . Il l’a acheté et j’espère bien qu’il lui a plu. Peut-être repassera-t-il me dire ce qu’il en a pensé ? 

Librairie Livres en tête
82 rue du Mont Joly
74700 Sallanches
04 50 93 92 40

Le Bonheur à Montrouge




Ne cherchez plus Le Bonheur,  nous l’avons trouvé en poussant la porte de cette toute nouvelle  librairie à Montrouge. C’est en s’inspirant du titre d’un film d’Agnès Varda « Le bonheur » que Gégory Sapojnikoff a trouvé le nom de la librairie qu’il a ouverte en octobre 2018 secondé de Eva Halgand ex-Le lièvre et la tortue à Issy-les-Moulineaux. Après un long parcours dans le cinéma, c’est à la quarantaine que ce fils de commerçants passionné par les livres a décidé de cette reconversion professionnelle et de s’installer dans les Hauts de Seine non loin de là où il a grandi. Sa librairie qu’il qualifie de « générale » est un lieu pour que tout le monde puisse trouver son bonheur à lire. Et pas seulement, il souhaite aussi y organiser des expositions et des concerts acoustiques en plus des rencontres d’auteurs. Ses références cinématographiques et l’imaginaire qui s’y attache restent très présents et c’est une très belle citation du cinéaste Alain Resnais  extraite de « Toute la mémoire du monde » (court métrage sur la BNF) qu’il a fait inscrire sur la façade et qui résume parfaitement l’âme des lieux. Si belle, qu’on vous la délivre :   
« Ici se préfigure un temps où toutes les  énigmes seront résolues, un temps où cet univers et quelques autres nous livreront leur clé. Et cela simplement parce que ces lecteurs assis devant leur morceau de mémoire universelle auront mis bout à bout les  fragments d’un même secret qui a peut-être un très beau nom, qui  s’appelle le bonheur. » 

Quel roman nous recommandez-vous de lire ?
« Nino dans la nuit »  de Capucine Johannin et Simon Johannin (Allia). Cette lecture est une claque, l’écriture est incroyable. Ça raconte le parcours de marginaux dans une langue dure et crue. Un formidable roman.

Et du côté des auteurs étrangers  que nous conseillez-vous? 
« Joe Dimaggio » de Jerome Charyn (Éditions du Sous-sol).  Sur le destin brisé du roi du Baseball américain, époux malheureux de Marylin Monroe.  Je suis plongé dedans en ce moment.

Y a-t-il un premier roman qui vous a particulièrement marqué ?
« Ça raconte Sarah » de Pauline Delabroy-Allard (Éditions de Minuit). Cette histoire d’amour, je l’ai lue d’une traite et à peine terminée j’avais envie de la relire dans la foulée. Tout y est dans l’excès, la passion y est folle. 

Quel livre vous êtes-vous promis de lire ?
« Le lambeau » de Philippe Lançon (Editions Gallimard) est sur ma table de nuit. Je crois que c’est un très grand livre d’une forte portée littéraire. Je suis impatient de le lire.


Quel est le livre le plus emblématique de la librairie que vous défendez avec ferveur ?
« Dans  la solitude des champs de coton » de Bernard-Marie Koltes (Éditions de Minuit). C’est un dialogue théâtral entre un dealer et son client que j’ai vu joué en 1995 par Patrice Chéreau et Pascal Greggory.  Ce livre a changé ma vie. Sur le thème du désir, ce texte est se qui se fait de mieux. Un sommet.

Une brève de librairie

Récemment on nous a  demandé « Le cidre » de Corneille. Ça nous a beaucoup amusés et on s’est dit que cela aurait fait une bonne couverture pour l’irrésistible livre « Cent titres » de Clémentine Mélois (Grasset) qui détourne avec humour les couvertures de livres. 


Librairie Le bonheur
99 Avenue de la République
92120 Montrouge
01 42 37 50 73