Aquarelle ©Brigitte Lannaud Levy
Défendre le livre comme le
meilleur espace pour montrer le travail des photographes et les imposer comme
celui d’auteurs à part entière. Voilà comment pourrait se résumer la
vocation de cette très belle librairie parisienne qui vient d’être reprise par
deux de ses libraires Catherine Rambaud et Jensen pour poursuivre son aventure sous
le nom de « La nouvelle chambre claire », référence au célèbre ouvrage
de Roland Barthes.
Quand en 1980 Monsieur Zahar a créé rue Saint-Sulpice à
Paris la librairie « La Chambre claire », il n’existait alors dans la
capitale aucune librairie spécialisée dans la photo. Le lieu est vite devenu incontournable
pour tous les professionnels, collectionneurs ou simples passionnés de cette
discipline. C’est en 1986 que Jensen en prend les rênes comme libraire pour
y incarner avec la passion qui l’habite
toute l’âme de ce lieu nourri d’échanges et de rencontres. Aussi quand Monsieur Zahar le propriétaire a
décidé de lâcher l’affaire l’automne dernier pour prendre sa retraite, c’est
tout naturellement que Jensen épaulé de Catherine Rambaud (elle-même libraire des lieux depuis 2010) ont
relevé le défi de reprendre le fonds et de trouver un nouvel espace. C’est le
18 septembre dernier que la librairie galerie « La nouvelle chambre
claire » a ouvert ses portes rue d’Arras dans le cinquième arrondissement
de Paris. Toute la profession, photographes et éditeurs se sont mobilisés pour soutenir cet espace qui leur
est cher et dont l’ambition première est
de porter un nouvel œil sur la
photographie contemporaine. Raymond Depardon en est le parrain, gage de qualité
et de beaux lendemains. Des expositions
y sont organisées très régulièrement et des évènements de type rencontres et
dédicaces. C’est Catherine Rambaud qui
nous reçoit aujourd’hui pour partager ses coups de cœur.
Quel beau livre photo souhaitez-vous mettre particulièrement
en lumière ?
« Deep Night » de David
Nissen (auto-édité). Directeur de la
photo pour le cinéma, les clips et la pub, nous aimons particulièrement son regard et l’avons exposé
jusqu’au 20 octobre dans notre galerie. Il nous dévoile dans ce livre un
travail sur la nuit, en jouant principalement sur les noirs, bien que son
traitement photographique soit la couleur. C’est très beau.
Quel livre d’un maître de la photo pouvez-vous nous
faire découvrir ?
« Dr Blankman’ New-York
Kodacromes 1966-1967 » de l’immense Tod Papageorge. Très connu pour son
travail en noir et blanc, sur les conseils d’un ami il a pris cette série de
street photos en kodacrome dans l’espoir
de vendre ses images plus facilement aux magazines. Le résultat est réuni dans ce beau livre.
Et du côté du regard des femmes que nous
recommandez-vous ?
« Pigalle People 1978-1979 » de Jane Evelyn Atwood (Editions le Bec en
l’air). Alors qu’elle réalisait une série de photos sur les prostituées de la
rue des Lombard, la jeune photographe franco-américaine rencontre des transsexuelles
du quartier qu’elle photographie sans pour autant dévoiler et publier le
résultat. Ce n’est qu’aujourd’hui , quarante ans plus tard que refait surface
ce témoignage unique sur cette vie poignante des trans en lutte avec la drogue,
la violence, le sida. Dans la post-face
du livre, elle dévoile son attachement
sincère pour ses modèles qui pour certaines sont devenues des amies.
Quel est le livre culte le plus emblématique de la
librairie ?
Le livre-rétrospective de
l’œuvre photographique du Sud Africain Pieter Hugo (Prestel ). Il porte un regard aussi puissant
que juste et très humain sur le quotidien des gens dans les communautés africaines. Sa démarche
est toujours frontale quoique parvenant
à mélanger les genres entre tradition et modernité. Quand on veut montrer à un jeune photographe
une œuvre qui fait autorité, on en vient toujours à ce magnifique livre de
Pieter Hugo. C’est une telle source d’inspiration.
Brève de librairie
Pour nous soutenir, les
photographes les plus connus, mais aussi les plus jeunes ont pris l’habitude de
venir spontanément à la librairie en dehors de tout événement particulier pour
pré signer leurs ouvrages. Ce qui provoque de jolies rencontres impromptues et
crée de véritables impulsions d’achat pour les lecteurs. C’est une bien jolie façon de nous soutenir,
nous qui soutenons leur travail.
La nouvelle chambre claire
3 rue d’Arras
75005 Paris
01 42 01 37 36
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire