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dimanche 25 novembre 2018

Librairie Le verbe et l'objet (Senlis)



Défendre des petits éditeurs qui impriment de la poésie au plomb mobile avec une presse, voilà l’une des grandes fiertés de Julien Burnat ancien animateur radio qui a repris il y a trois ans cette librairie-papeterie de Senlis créée en 1999. Issu d’une famille de libraires versaillais depuis quatre générations cette aventure semblait toute tracée pour cet amoureux des livres.  Ici, les ouvrages d’éditeurs confidentiels côtoient ceux des plus grandes maisons . Le choix est vaste et la certitude de jolies découvertes assurée.  Son enseigne porte un bien joli nom  « Le verbe et l’objet » qui n’est pas sans rappeler « Les mots et les choses » le célèbre essai de Michel Foucault . Les livres y côtoient une sélection soignée de papeterie, de stylos, de déco mais aussi d’objets liés aux voyages : maquettes de montgolfières, de planètes et globes terrestres.  Si ce lieu singulier fait penser à un cabinet de curiosité, c’est que Julien Burnat travaille avec cœur « Je choisis les livres et les objets avec mon âme et mon envie ». Côté littérature, en très bon lecteur là aussi il laisse parler ses émotions avec une exigeante sélection d’ouvrages. À Senlis ville assez conservatrice, il fait le pari de proposer une littérature de qualité qui explore des univers parfois à la marge qui peuvent bousculer pour ne pas dire secouer les esprits.

Quel est le livre pour lequel vous avez un coup de cœur en ce moment ?
« Comment t’écrire adieu » de Juliette Arnaud (Belfond). Un texte très inattendu de la comédienne et chroniqueuse de Franc Inter.  Elle nous livre un récit autobiographique sur le deuil d’une histoire d’amour. Le  texte est savamment articulé autour d’une playliste de chansons qu’elle a aimées. Son écriture est rock  et cash. Une belle découverte.

Et du côté des auteurs étrangers, que nous recommandez-vous ?
« Les fureurs invisibles » de John Boyne (Editions Jean Claude Lattes). Un bon pavé de 600 pages sur la vie en Iralnde d’un garçon né d’une fille-mère bannie de sa paroisse rurale. Elle part pour Dublin, y abandonne son fils qui est adopté  par un couple aisé très  excentrique. Balloté par l’existence on le suit  dans sa quête d’identité et dans ses dérives. Je ne pensais pas que la disparition d’un personnage de roman pouvait me bouleverser un jour et me faire pleurer. Et pourtant c’est ce que ce roman a provoqué en moi.   

Quel premier roman vous a particulièrement marqué ?
« Ça raconte Sarah » de Pauline Delabroy-Allard (Editions de Minuit).  Une histoire d’amour entre deux femmes. Un véritable tourbillon de sentiments dans lequel est plongée une jeune prof, auquel elle n’était pas du tout préparée. L’écriture est hypnotique, c’est un premier roman très impressionnant.

Quel est le roman le plus emblématique de la librairie que vous défendez depuis toujours avec ferveur ?
« Amour » de Léonor de Recondo  (Editions Sabine Wespieser). Tout d’abord c’est magnifique d’offrir un livre qui s’appelle Amour.  Et puis c’est une histoire intense autour du corps et du cœur des femmes au XXe siècle . Les rapports entre maîtres et domestiques y sont décortiqués avec une telle justesse. C’est très bien vu et passionnant surtout.


Quel livre vous êtes-vous promis de lire ?
«  Voyage au bout de la nuit » de Louis Ferdinand Céline. Mais mère était libraire de livres anciens et du coup je l’ai dans son édition originale. Il est chez moi et m’attend.

La saison des prix se termine, à qui auriez-vous donné le Goncourt ?
« Salina : les trois exils » de Laurent Gaudé. C’est de la tragédie grecque en Afrique. Il réinvente une mythologie autour d’une femme, mère de trois fils et qui vécut trois exils. Son dernier fils qui la porte en terre nous livre le récit de sa vie pour qu’elle devienne une légende. Tous les romans de Laurent Gaudé sont exceptionnels.

Une brève de librairie
Une de mes clientes de 80 ans avant d’entamer la lecture d’un livre, s’impose de lire préalablement toute l’œuvre de l’auteur. Et si elle n’a pas deux heures de  temps plein devant elle,  elle ne s’y met pas. C’est une lectrice compulsive, qui peut rester accrochée à sa lecture de 19h00 à 7h00 le matin non-stop. C’est une ancienne institutrice, aussi forcenée qu’assidue dans sa pratique. Elle m’impressionne beaucoup.

Librairie-papeterie Le verbe et l’objet
14 place Henri IV
60300 Senlis
03 44 60 61 98


Librairie jeunesse Le Préau (Metz)

Aquarelle © Brigitte Lannaud Levy



Après « La Cour des grands » la semaine dernière, restons à Metz dans la même rue Taison et poussons la porte de la librairie spécialisée jeunesse « Le préau ».   C’est à nouveau Julie Rémy qui nous accueille et pour cause, elle est propriétaire de ces deux librairies de Metz. Ici, c’est tous les jours comme une récréation. Celle où le plaisir de la lecture  comme celui de jouer quand on est petit est démultiplié. Que l’on soit petit ou grand,  on n’a qu’à traverser la rue à deux pas de la cathédrale  pour trouver son bonheur dans l’une de ces deux librairies, l’une spécialisée jeunesse, l’autre adulte.  C’est suite à la naissance de ses enfants que cette fille de libraire devenue maman a repris il y a dix ans maintenant  la libraire « Le préau » créée en 1980. Et c’est il y a six ans qu’elle lui a donné sa grande sœur spécialisée adulte, juste en face. C’était pour elle, cette création était aussi logique que de voir grandir ses propres enfants.  Aujourd’hui en cette période de vacances, elle nous reçoit pour nous confier de précieux conseils de lecture pour nos petits, bien au chaud sous « Le préau ».

Quel est votre gros coup de cœur en littérature jeunesse du moment ?
« Enfances »  de Marie Desplechin et Claude Ponti (L’école des loisirs). Un livre tout public qui nous raconte l’enfance de personnages connus ou anonymes, réels, légendaires ou inventés. Un ouvrage idéal pour une lecture à voix haute et propice aux échanges entre générations.


Et du côté des documents que nous conseillez-vous ?
« Petit soldat » de Pierre-Jacques Ober et Julie Ober (Seuil jeunesse).  Un récit tout en émotion sur la Première Guerre mondiale par le biais de photos de petits soldats de plomb.  Ce livre entre l’album et le document nous raconte l’histoire d’un jeune soldat qui part pour une guerre sensée durer quelques mois et qui va s’étirer sur quatre interminables années. Alors qu’il voulait être un bon soldat, il va déserter deux jours, revenir, être puni... Il fait preuve d’un immense courage et nous serre le cœur. On pleure à la fin d’un récit aussi virtuose.

Pour les plus petits que nous recommandez-vous ?
« Cache-cache surprise » de Cédric Ramadier et Vincent Bourgeau
 (L’École des loisirs). C’est un très grand et un très beau livre-jeu, haut en couleurs. Dans chaque page se cachent des animaux qu’il faut retrouver : des moutons, des cochons et des chèvres… Mais attention,  gare au loup !

Une brève de librairie :
Un jour un papa arrive à la librairie et s’écrie fièrement « Ca y est ma fille sait lire, je vais enfin pouvoir venir lui acheter des livres chez vous ». Nous en aurions pleuré de savoir qu’il a perdu sept années. Cette idée qu’on introduit le livre qu’au moment de la lecture nous consterne.

Librairie Le Préau
11 rue Taison
57000 Metz
03 87 75 07 16

Librairie La nouvelle chambre claire

Aquarelle ©Brigitte Lannaud Levy


Défendre le livre comme le meilleur espace pour montrer le travail des photographes et les imposer comme celui d’auteurs à part entière. Voilà comment pourrait se résumer la vocation de cette très belle librairie parisienne qui vient d’être reprise par deux de ses libraires Catherine Rambaud et Jensen pour poursuivre son aventure sous le nom de « La nouvelle chambre claire », référence au célèbre ouvrage de Roland Barthes.
Quand en 1980  Monsieur Zahar a créé rue Saint-Sulpice à Paris la librairie « La Chambre claire », il n’existait alors dans la capitale aucune librairie spécialisée dans la photo. Le lieu est vite devenu incontournable pour tous les professionnels, collectionneurs ou simples passionnés de cette discipline. C’est en 1986 que Jensen en prend les rênes comme libraire pour y  incarner avec la passion qui l’habite toute l’âme de ce lieu nourri d’échanges et de rencontres.  Aussi quand Monsieur Zahar le propriétaire a décidé de lâcher l’affaire l’automne dernier pour prendre sa retraite, c’est tout naturellement que Jensen épaulé de Catherine Rambaud  (elle-même libraire des lieux depuis 2010) ont relevé le défi de reprendre le fonds et de trouver un nouvel espace. C’est le 18 septembre dernier que la librairie galerie « La nouvelle chambre claire » a ouvert ses portes rue d’Arras dans le cinquième arrondissement de Paris. Toute la profession, photographes et éditeurs se sont  mobilisés pour soutenir cet espace qui leur est cher et dont l’ambition  première est de  porter un nouvel œil sur la photographie contemporaine. Raymond Depardon en est le parrain, gage de qualité et de beaux lendemains.  Des expositions y sont organisées très régulièrement et des évènements de type rencontres et dédicaces.  C’est Catherine Rambaud qui nous reçoit aujourd’hui pour partager ses coups de cœur.

Quel beau livre photo souhaitez-vous mettre particulièrement en lumière ?
« Deep Night » de David Nissen (auto-édité).  Directeur de la photo pour le cinéma, les clips et la pub, nous aimons  particulièrement son regard et l’avons exposé jusqu’au 20 octobre dans notre galerie. Il nous dévoile dans ce livre un travail sur la nuit, en jouant principalement sur les noirs, bien que son traitement photographique soit la couleur. C’est très beau.

Quel livre d’un maître de la photo pouvez-vous nous faire découvrir ?
«  Dr Blankman’ New-York Kodacromes 1966-1967 » de l’immense Tod Papageorge. Très connu pour son travail en noir et blanc, sur les conseils d’un ami il a pris cette série de street photos en kodacrome  dans l’espoir de vendre ses images plus facilement aux magazines.  Le résultat est réuni dans ce beau livre.

Et du côté du regard des femmes que nous recommandez-vous ?
« Pigalle People 1978-1979 »  de Jane Evelyn Atwood (Editions le Bec en l’air). Alors qu’elle réalisait une série de photos sur les prostituées de la rue des Lombard, la jeune photographe  franco-américaine rencontre des transsexuelles du quartier qu’elle photographie sans pour autant dévoiler et publier le résultat. Ce n’est qu’aujourd’hui , quarante ans plus tard que refait surface ce témoignage unique sur cette vie poignante des trans en lutte avec la drogue, la violence, le sida.  Dans la post-face du livre,  elle dévoile son attachement sincère pour ses modèles qui pour certaines sont devenues des amies.  


Quel est le livre culte le plus emblématique de la librairie ?
Le livre-rétrospective de l’œuvre photographique du Sud Africain Pieter Hugo  (Prestel ). Il porte un regard aussi puissant que juste et très humain sur le quotidien des gens  dans les communautés africaines. Sa démarche est toujours frontale  quoique parvenant à mélanger les genres entre tradition et modernité.  Quand on veut montrer à un jeune photographe une œuvre qui fait autorité, on en vient toujours à ce magnifique livre de Pieter Hugo.   C’est une telle source d’inspiration.

Brève de librairie
Pour nous soutenir, les photographes les plus connus, mais aussi les plus jeunes ont pris l’habitude de venir spontanément à la librairie en dehors de tout événement particulier pour pré signer leurs ouvrages. Ce qui provoque de jolies rencontres impromptues et crée de véritables impulsions d’achat pour les lecteurs.  C’est une bien jolie façon de nous soutenir, nous qui soutenons leur travail. 

La nouvelle chambre claire
3 rue d’Arras
75005 Paris
01 42 01 37 36


La librairie papeterie de Saint Tropez

Aquarelle © Brigitte Lannaud Levy


Comment se résoudre à ce que la seule et unique librairie de Saint-Tropez puisse définitivement mettre la clé sous la porte ? L’argent qui coule à flots dans cet ancien petit village de pêcheurs de la Côte d’Azur semble n’y pouvoir rien changer voire même peut-être que ceci explique cela. Les Pinçon-Charlot pourraient nous en dire plus, mais passons.  Quand nous poussons la porte de la charmante Librairie de Saint-Tropez, Marie Coll nous accueille le cœur chaud, mais aussi très serré. Quatre ans à peine après l’ouverture de son enseigne, les difficultés financières s’accumulant et l’opération de levée de fonds sur internet ayant été infructueuse, son associée de départ  Élodie Mazui a dû quitter l’aventure. Aujourd’hui c’est une fermeture  définitive qui semble se profiler à l’horizon. Et pourtant l’histoire avait bien commencé. Lectrice aussi compulsive que passionnée, c’est quand la librairie qui était sur le port a mis la clé sous la porte, que Marie Coll se lance. Elle trouve dans l’une des rares rues commerçantes à l’année du centre, un joli local sur deux étages et obtient de la Mairie de l’appeler « La librairie de Saint-Tropez » étant bien la seule et unique librairie de la ville.  Très dynamiques, avec sa partenaire,  elles organisent des « Apéro’Strophes », rencontres littéraires autour d’un verre en partenariat avec Le Café de la place des lices. Bannissant l’esprit de sérieux, ces rencontres se veulent avant tout conviviales et surtout pas intellos. Mais voilà, si les pouvoirs publics et les Tropéziens ne se mobilisent pas, il faudra mettre un triste point final à cette jolie histoire et oublier qu’il fut un temps où Saint-Tropez était un réel creuset culturel et artistique y accueillant entre autres artistes: Sagan, Greco, Picasso, Eluard… Sans librairie, ce ne sera plus tout à fait pareil. Rencontre avec Marie Coll, une libraire désemparée, mais toujours aussi  combative et passionnée.

Quel roman avec-vous envie de nous faire découvrir  en cette rentrée ?
« Quatre vingt dix secondes » de Daniel Picouly (Albin Michel). Ces 90 secondes sont le temps qu’il a fallu en 1902 au plus grand volcan de la Martinique pour carboniser 29333 âmes. Son récit est flamboyant, toutes ces tribulations humaines autour d’une catastrophe naturelle sont passionnantes. Picouly y révèle un fort attachement  à sa terre. L’idée de donner la parole au volcan m’a touchée.

Et du côté de la littérature étrangère ?
« L’homme coquillage » de Asli Erdogan (Actes Sud). C’est le premier roman de cet auteure turque. Elle y raconte la rencontre entre une jeune chercheuse invitée pour un séminaire aux Antilles, et l’homme au coquillage, un être singulier qui va la sortir de sa zone de confiance. C’est un livre sur l’ouverture d’esprit, l’écologie, le plein d’amour. C’est très beau.

Y a-t-il un premier roman qui vous a particulièrement marqué ?
« D’un Sud à l’autre » de Jérôme Coll  (Librinova).  Nous portons le même nom, mais nous ne sommes pas parents, seulement amis. J’aime tellement son livre que je suis heureuse d’en parler. C’est l’histoire d’un jeune Malien à l’esprit cartésien, destiné à être officier dans l’administration publique. Au cours de la grande sécheresse en 1970 en Afrique, dans un camp de réfugiés il va faire la connaissance de trois jeunes filles peules abandonnées. Cette rencontre va le sortir de ses frontières intérieures, il va découvrir en lui des choses insoupçonnées.

Quel est le livre culte le plus emblématique de la Librairie ?
« L’autre Saint-Tropez » de Michel Goujon (Michel Lafon). Un ouvrage qui donne une autre vision de notre ville. Bien plus qu’un guide, c’est un bréviaire sentimental qui traduit bien l’esprit des lieux. Il permet de dépasser le cliché tenace du bling-bling. C’est un livre important et pas seulement parce que c’est le nôtre.

Quel livre vous êtes-vous promis de lire ?
Il y en a  beaucoup, le métier de librairie ouvre tant d’appétits de lecture. J’espère quand même un jour arriver  jusqu’au bout de « La montagne magique » de Thomas Mann. Un sommet.

Une brève de librairie ?

Souvent, les gens rentrent chez nous et nous demandent : « Vous vendez-les livres à quel prix ? ». Comme on est à Saint-Tropez où les prix flambent, ils pensent que pour les livres ce sera pareil  alors qu’ils sont protégés sur tout le territoire français par la loi sur le prix unique. Une autre anecdote, c’est aussi cette réflexion constante du type « Sur Brigitte Bardot, vous n’avez que ça ?" 

La Librairie de Saint-Tropez
22 rue Joseph Quaranta
83990 Saint-Tropez
04 89 99 37 33