dimanche 13 novembre 2016

Le papillon d'Elie

Pour les huit ans de Elie,  l'arrière-arrière-petit-fils du plus célèbre chasseur de papillon au monde: Eugène Le Moult, né en 1882 dans ma ville natale de Quimper. Ce papillon d'encre et d'aquarelles est pour lui.

jeudi 3 novembre 2016

La fleur qui pousse à l'intérieur est une librairie





Voici un jeune couple qui vient de concrétiser son rêve le plus cher : créer une librairie. Clémence Roquefort a vingt-six ans, Julien Tardif trente ans et ils viennent d’inaugurer le 15 octobre dernier, sur la jolie place des Cordeliers, dans le centre piétonnier de Dijon, une librairie-salon de thé « La fleur qui pousse à l’intérieur ». Fraîchement sortis d’une formation au métier du livre et suite à une courte expérience dans l’Édition, ils se sont forgés une conviction profonde : ne plus avoir de patron, être indépendants et vivre pleinement tout autant que librement leur passion pour les livres.  Le projet d’une librairie–salon de thé s’est alors imposé à eux. Suite à une étude de terrain et aux bons conseils de Pierre Landry, mythique libraire de Tulle, ils se sont lancés. Le joli nom de leur enseigne est tiré de « Vous n’aurez pas ma fleur » une chanson du chanteur libertaire, François Béranger disparu trop tôt sans faire de bruit en 2003 . La note est donnée, voici un lieu  d’engagement pour la défense du livre,  de la littérature, du bien vivre et du bien manger (les gâteaux sont faits maison et bio).  

Quel est le livre culte pour vous, qui est le plus emblématique de votre librairie et que vous défendez avec ferveur 
« 2666 » de l’écrivain chilien Roberto Bolaño (Éditions Bourgois). Un grand et gros livre borghésien à souhait et que l’on ne peut raconter. On rentre dans un genre littéraire (entre polar et érudition) pour en sortir et en découvrir un autre, sans jamais avoir le fin mot de l’histoire. C’est magistral, une expérience de lecture hallucinante.  

Une brève de librairie :
Quand nous parlions de notre projet de librairie-salon de thé, on nous a posé cette question surréaliste  « Et on pourra aussi acheter des livres ? »

La fleur qui pousse à l’intérieur
5 place des cordeliers
21000 Dijon

03 80 47 94 71

La Pologne à Paris





Fondée en 1925, à l’adresse actuelle au 123 Boulevard Saint-Germain à Paris, voici une librairie dont l’histoire est intimement liée à la grande histoire. Quand on y entre, son architecture unique composée de cariatides est restée dans son jus des années 20-30. Y pénétrer vous fait immédiatement remonter le temps. 1833 est la date de la fondation par les démocrates polonais exilés à Paris d’une première librairie polonaise qui était le creuset de l’opposition. C’était aussi une bibliothèque,  un journal, un bureau d’impression. Puis, la Pologne, libérée du joug de la Prusse, de l’Empire russe  et de l’Autriche-Hongrie,  retrouve ses territoires éclatés et son indépendance. S’ouvre alors à Paris en 1925, l’actuelle librairie.  Mais en 1939, la Pologne est envahie par le IIIem Reich et la librairie parisienne devra fermer ses portes, son directeur est déporté par les nazis, tout son stock est pilonné. Quand elle rouvre après guerre, le pays est dominé par un régime communiste totalitaire- satellite de Moscou et la librairie redevient alors un lieu d’opposition pour les Polonais en exil à Paris. Comme un retour à sa vocation première du début du XIXem siècle. En 1989, avec la chute du mur de Berlin, c’est la naissance de la République parlementaire de Pologne où la censure s’effondre.  Les éditeurs et mécènes Vera et Yan Michalski rachètent la librairie en 1991 avec le désir de faire rayonner la culture polonaise, mais aussi la littérature et l’histoire de l’Europe centrale. Pour eux « Le monde a soif de littérature pour mieux exister » et ils font vœu de favoriser les échanges entre l’Est et l’Ouest par ce biais. En 2014 une nouvelle étape est franchie avec la création à la librairie d’un espace francophone dédié aux écrivains de l’ailleurs.  C’est leur neveu Tomek Michalski, historien de formation, à la tête de la librairie, qui nous reçoit accompagné de Anne Béraud libraire de l’espace francophone.

Quel est votre livre culte, le plus emblématique de la librairie ?
C’est un livre écrit en français par un Polonais : « Proust contre la déchéance » de Joseph Czapski. (Éditions Noir sur Blanc). L’auteur écrivain, peintre, grand humaniste, survivant du massacre de Katyń est fait prisonnier par les Soviétiques dans le camp de Giazowietz entre 1940-41. Pour y survivre, avec ses codétenus, officiers comme lui, ils organisent des exposés sur leurs sujets de prédilection. Pour lui c’est l’œuvre de Proust et c’est sans documents qu’il restitue par son seul souvenir ce que « La Recherche.. » lui a apporté. Un ouvrage unique d’une puissance rare qui crée plus qu’un lien symbolique entre la France et la Pologne. Les gens conquis en achètent quatre, cinq exemplaires pour les offrir.

Une brève de librairie

Quand la Pologne est entrée dans l’Union Européenne, le 30 avril 2004 nous avons fêté ça à la librairie avec beaucoup de vodka, c’était très festif. Pour la plupart de nos lecteurs, c’était un symbole fort et beau d’espoir pour notre pays. 15 ans après la chute du mur, c’était porteur de sens. Et puis à partir de 2004, on a vu arriver de plus en plus de sans-abris des pays de l’est dont beaucoup étaient polonais. L’envers triste d’un certain décor, celui de vies brisées par le système. Avec la soupe populaire à deux pas de la librairie souvent ils viennent nous provoquer un peu, voler un livre parfois ou lire un journal du pays tout simplement. Nous sommes alors comme un repère pour échapper à cette triste condition entre soupe, alcool et bagarre.  Et ça nous touche beaucoup. 

Librairie  Polonaise
123 Boulevard Saint-Germain
75006 Paris
01 43 26 04 42