mercredi 31 janvier 2018

Une librairie fondée par Gaston Gallimard il y a presque cent ans.




Il n’y a pas qu’une librairie dans le giron de Gallimard, mais c’est bien la seule et unique  à porter son si prestigieux nom. Voici un lieu presque centenaire, créé plus exactement en  1919 par Gaston Gallimard lui-même. Situé à quelques encablures seulement  de sa maison d’édition éponyme à Saint Germain des Près, ce comptoir de vente avait pour vocation d’être la vitrine de ses publications. A contre sens total d’une logique purement commerciale, s’y trouvait alors une bibliothèque où les gens pouvaient emprunter des livres. « Il faut prendre de biais les choses les plus simples » avait coutume de dire l’illustre éditeur. Tout en proposant l’intégralité du fonds disponible de la maison, c’est en 1950 que la librairie va s’ouvrir à la  production des éditeurs concurrents. Anne Ghisoli libraire aguerri qui nous reçoit aujourd’hui, a pris la direction de l’enseigne en 2011 et a mis en œuvre en 2015 le gros chantier de rénovation des murs et de la déco. Tout en modernisant le lieu, l’âme en a été préservée. De majestueuses bibliothèques qui s’élèvent du sol au plafond avec leurs échelles pour accéder aux étagères les plus hautes, offrent un élégant écrin aux ouvrages présentés. Ne vous laissez pas impressionner,  ici on est chaleureusement reçu par une équipe de six libraires. C’est au rythme très soutenu de deux à quatre rencontres par semaines qu’ils animent tous la librairie, avec la spécificité d’un rendez-vous dédicace tous les vendredis en fin d’après-midi en présence d’un auteur de Bande dessinée. 

Quel  roman nous conseillez-vous de lire ?
Pour rendre hommage à notre façon au regretté Paul Otchakovsy-Laurens, qui a su comme peu d’éditeurs  créer une belle communauté d’auteurs, je vous parlerai d’une de ses dernières publications :  « Les spectateurs » de Nathalie Azoulai (Editions P.OL).  Un texte tout en finesse, où se dessine une poignante histoire d’exil. Le narrateur est un jeune garçon  de 13 ans qui porte un regard aiguisé sur un père sombre, taiseux et sur une mère qui semble s’évader dans la fabrication de robes de star et la lecture de magazine de cinéma des années 40. On imagine alors qu’ils ont fui un pays du Moyen-Orient.  C’est un très beau texte , où rien n’est jamais forcé. 

Et du côté des étrangers ?
Plus qu’un livre, un coup de poing :  « Un jardin de sable » de Earl Thomson (Éditions Monsieur Toussaint Louverture). Ce roman a tout pour devenir culte. Il se situe aux U.S.A  dans les années 30 pendant la grande dépression. C’est une initiation à la vie dans la pauvreté, la vulgarité et la brutalité.  Une plongée de 800 pages dans le monde des laissés pour compte, peu fréquentables, mais d’une si belle humanité. À découvrir.

Quel premier roman vous a particulièrement marqué ?
« Fugitive parce que reine » de Violaine Huisman (Gallimard). Elle nous raconte sans jamais être dans la plainte, mais avec force d’amour ce qu’elle a vécu avec une mère maniaco-dépressive. Un livre entre cris et hurlements, mais ou rien n’est tout noir ou tout blanc . En tous les cas très vibrant . 

Quel livre vous êtes-vous promis de lire ? 
Ce n’est pas un, mais deux : L’Illiade et l’Odyssée . Je me sens toujours bête de ne pas les avoir lus. Je pourrais toujours commencer par la biographie d’Homère de Pierre Judet de la Combe (Folio Biographie). 

Quel est le livre culte le plus emblématique de la librairie ?
Ce n’est pas un, mais sept  ouvrages, qui composent « À la recherche du temps perdu » de Marcel Proust (Gallimard).  Bien que la Recherche existe en Pléiade, elle est bien plus souvent demandée en collection blanche. C’est toujours émouvant quand un jeune lecteur démarre Proust. Je lui dis de ne surtout pas avoir peur de l’ampleur et que son monde s’en trouvera tellement enrichi. 

Une brève de librairie :
C’est une anecdote, que beaucoup de libraires ont déjà vécue et qui fait vraiment plaisir. Notre métier est passionnant, mais très difficile. Ma plus grande joie est  celle d’avoir recommandé un jour à un client à Grenoble un auteur auquel je suis très attaché : Henri Calet dont j’ai absolument tout lu et relu: « La belle lurette », « Peau d’ours », « Les murs de Fresnes » ... Je retrouve c’est homme bien plus tard à Paris qui se présente à moi en s’exclamant « Vous me reconnaissez, vous m’aviez fait découvrir l’œuvre de Henri Calet ! » Cette joie-là, de la transmission  abolit toute distance et le temps alors ne se compte plus. 

Librairie Gallimard
15 bd Raspail
75007 Paris

01 45 48 24 84

mardi 23 janvier 2018

Livres in Room un lieu cosy comme dans un living room




Attention, ne vous laissez pas prendre par son nom british. Ce n’est pas une librairie anglo-saxone, mais bien une généraliste. « Livres in room » est un amusant jeu de mots, clin d’œil affectueux aux Anglais qui débarquent tout près de là à Roscoff pour découvrir l’Hexagone. Les trois lettres des initiales forment le mot LIR et ça tombait.  Gaëlle Maindron et François Michel sont deux libraires aguerris, qui après avoir fait leurs armes à Nantes, voulaient voler de leurs propres ailes.  À Saint-Pol-de-Léon, en 2014,  ils sont tombés amoureux de cette ravissante librairie–salon de thé donnant sur jardin, qu’ils ont repris et qui fêtera ses dix ans cette année. En dépit de sa situation, ce n’est en rien une librairie de passage qui vivrait au rythme des périodes estivales, mais bien un lieu très animé tout au long des saisons, devenu un des véritables points d’attraction de cette ville du Finistère. 

Quel roman nous recommandez-vous de lire ?
« La disparition de Josef Mengele » d’Olivier Guez (Grasset). Un livre qui nous a touchés par sa narration, d’une grande efficacité. On se voit comme assis pour de vrai près de l’auteur, bouche bée, pétrifiés alors qu’il nous raconte cette histoire incroyable de la fuite en Argentine de ce médecin tortionnaire à Auschwitz,  incarnation  du mal absolu.

Du côté des auteurs étrangers que nous conseillez-vous ?
« Les buveurs de lumière »  de l’Écossaise Jenni Fagan (Métaillé). En 2020 les changements climatiques se sont accélérés, on se dirige vers une fin du monde où tout glace. Un homme se réfugie dans un village de caravanes dans les Highlands où vit une communauté de fêlés, de marginaux. Des personnages étranges, mais tendres. C’est un roman très réussi.

Y a-t-il un premier roman qui vous a particulièrement marqués ?
Celui de Sébastien Spitzer aux éditions de L’Observatoire « Ces rêves qu’on piétine ». Un texte que l’on a envie de porter, de défendre. Après la libération des camps d’extermination, les Allemands tentent d’effacer toute trace par des marches forcées d’évacuation des déportés.  Une enfant s’en échappe, elle est dépositaire de lettres cachées et parallèlement on suit le destin tragique de Magda Goebbels qui entraîne ses six enfants à ses côtés vers la mort. C’est un roman historique poignant avec un angle très original.

Quel beau livre à mettre sous le sapin ?
Chez Omnibus, ils viennent de publier un magnifique coffret de trois chefs d’œuvre illustrés des livres de Jane Austen. :  

Quel est le livre le plus emblématique de la librairie que vous défendez avec ferveur ?
Depuis que nous sommes arrivés ici, c’est un premier roman éblouissant : « Le sillage de l’oubli » de Bruce Machart (Gallmeister). Chaque fois que nous le faisons découvrir, les gens en sont heureux. On est plongés fin du XIXem au Texas où vivent un fermier veuf et ses quatre fils. Sa femme follement aimée est décédée en mettant au monde leur dernier fils. Le père fou de douleur va jouer sa ferme aux courses de chevaux, mais le pari va bien au-delà… C’est un roman déchirant.

Une brève de librairie

Un jeune homme, « Les Fourberies de Scapin » de Molière en main, revient après l’avoir acheté en s’exclamant : « Mais vous m’avez vendu un truc illisible ! Ce Scapin, comme les autres personnages, a son nom écrit dès qu’il parle. Non, franchement c’est totalement illisible ! »

Livres in Room 
29 rue du Général Leclerc
29250 Saint-Pol-de-Léon
02 98 69 69 28 41 

Climat, une librairie au beau fixe



Cette librairie est née d’un rêve : « Je me disais, si un jour j’ai des sous, je serais libraire. Je n’ai pas forcément eu les sous, mais voilà mon rêve s’est réalisé ».  Cela fait 25 ans que Laurence Jacquier vit sa passion et 11 ans qu’elle a créé son lieu à elle « Climat » à Thonon en Haute-Savoie, région dont son mari Christophe est originaire.   Les rives du Lac Léman sont souvent l’objet de tempêtes, commenter la météo est l’un des passe-temps préférés des habitants comme l’évoque si bien l’expression « parler de la pluie et du beau temps ». C’est ainsi que le nom « Climat » s’est imposé tout seul. Rencontre avec une libraire pleine de vitalité qui se déclare avec humour « petite comme ma librairie » et qui portant qui n’a rien à envier aux plus grandes.  

Quel roman français nous conseillez-vous  de lire ?
«  Sucre noir » de Miguel Bonnefoy  (Payot et Rivages). J’avais beaucoup aimé « Le voyage d’Octavio » et  ce dernier roman m’a littéralement  estomaquée. Il était une fois un trésor perdu, des légendes et des aventures de pirates aux Caraïbes. L’écriture est luxuriante, on ressent la chaleur des tropiques. Tout simplement magnifique.

Et du côté de la littérature étrangère ?
« Après la chute » de Dennis Lehane (Payot et Rivages). Par l’auteur culte  des romans noirs :  Mystic River et Gone baby gone. Une jeune journaliste en pleine ascension sociale s’écroule à l’antenne prise d’attaque de panique. Elle va s’enfermer plusieurs mois jusqu’à la rencontre avec un prétendant qui va se révéler des plus  troubles. On se ronge les ongles en le lisant, c’est un excellent polar psychologique.

Y –a-t-il un premier roman qui vous a particulièrement marqué ?
« Eleanor Oliphant va très bien » de Gail Honeyman (Fleuve éditions). Je suis tombée amoureuse de l’héroïne, une femme discrète presque disgracieuse. Elle est comptable, a une vie terne et réglée. Tous les mardis soir elle appelle sa maman. Elle n’aime pas les autres et passe ses soirées avec sa bouteille de vodka jusqu’au jour où elle s’éprend du chanteur d’un groupe de Rock à la mode… Ce personnage en transformation est tout simplement extraordinaire.

Quel est le livre le plus emblématique de la librairie que vous défendez depuis toujours avec ferveur ?
Siddartha de Herman Hesse  (Livre de poche). C’est un roman philosophique qui nous raconte l’histoire de bouddha. Un texte magnifique dans lequel je ne cesse de me plonger et de me replonger . J’oblige presque les lecteurs à le lire tellement je l’aime. 

Une brève de librairie :

C’est une réflexion que je regrette tant d’avoir entendue. Une jeune fille et sa maman passent une tête derrière la porte entrebâillée  de la librairie, sans oser en franchir le seuil. « C’est joli ici, tu crois qu’on a le droit d’entrer ?” Qu’il y ait  encore des gens qui n’osent pas pénétrer dans une librairie, cela m’attriste profondément.   Nos livres on doit pouvoir, en toute liberté, les regarder, les feuilleter, les désirer, sans être intimidé et sans se sentir obliger d’acheter. 


Librairie Climat 
5 rue Vallon 
74200 Thonon-les-Bains
04 50 81 04 25

Comme un papillon sur un arbre



Un papillon, ce n’est pas seulement  qu’un insecte aux grandes ailes colorées, mais c’est aussi un petit papier sur lequel on peut écrire. Avant les livres, Marie-Hélène et Frédéric Engel  ont exprimé leur passion pour le papier par la création en 2006 d’une maison d’édition de cartes postales  qui comme ils le racontent joliment, ont pour vocation de voler vers leurs destinataires tels des papillons.  Et voilà le nom de leur enseigne tout trouvé. Et puis en 2014, dans l’idée d’offrir une vitrine à leur activité, ils ouvrent une boutique à Phalsbourg. C’est tout naturellement que les livres y ont pris leur place, de plus en plus grande au fil du temps. Fort de  son expérience de libraire chez Kleber pendant dix ans Marie Hélène a trouvé le lieu idéal pour exprimer avec son époux tous leurs talents. Ainsi, la petite ville de Phalsbourg qui n’avait plus de librairie se trouve dotée d’une fort belle enseigne où la littérature est reine.  Et pas seulement. C’est dans le bar à vin voisin, le Vinario qu’ont lieu les rencontres avec les auteurs. Juste à côté, il y a un ancien cinéma qui est resté dans son jus depuis les années 50 et ils y organisent des projections de films ou documentaires en lien avec les ouvrages présentés.  La culture au sens large leur tient à cœur, mais ce n’est pas pour autant qu’ils se prennent au sérieux et c’est avec beaucoup de chaleur et d’allégresse qu’ils exercent leur métier.  C’est Marie-Hélène qui nous reçoit aujourd’hui pour partager leurs  derniers coups de cœur. 

Quel roman nous recommandez-vous de lire ?
Trop difficile de n’en choisir qu’un. Alors on va abuser et en retenir trois. Tout d’abord « La nuit des béguines » d’Aline Kiner (Editions Liana Levi). Cette dernière nous fait partager sous forme romanesque un moment passionnant de l’histoire des femmes au moyen-âge. Les Béguines constituent alors une communauté de femmes sous Philippe le Bel qui échappaient ainsi au mariage ou au couvent. Le deuxième roman qui nous tient particulièrement à cœur c’est « L’enfant mouche » de Philippe Pollet-Villard (Flammarion),  inspiré par l’histoire de sa mère orpheline en 44. Elle affronte alors la cruauté des hommes et y fait face avec l’innocence de son jeune âge, mais sans naïveté aucune. Une narration qui rebondit sans cesse. Un texte qui vous emporte littéralement.  Pour finir, « L’ordre du Jour » d’Éric Vuillard (Actes sud). On l’aime et le défend depuis sa publication au printemps dernier.  Nous sommes plus que content qu’il ait reçu le prix Goncourt.

Et du côté des auteurs étrangers que nous conseillez –vous ?
«  La salle de bal » de Ana Hope  (Gallimard. Du monde entier). C’est le portrait d’Ella au début du XXem siècle dans le Yorkshire, qui se retrouve internée dans un asile pour une raison minime. Chaque semaine, un bal est organisé où les pensionnaires hommes et femmes se retrouvent.   Ella y rencontre John un irlandais mélancolique. À la tête de l’orchestre, un médecin observe les patients et souhaite diriger un programme eugéniste de contrôle des esprits faibles pour améliorer la condition humaine. Un roman historique sensible qui pose une réflexion sur les questions liées au transhumanisme . C’est un roman  subtil et profond. 

Quel premier roman a retenu votre attention ?
« Encore vivant » de Pierre Souchon sur la bipolarité (Éditions du Rouergue). En tant que maniaco-dépressif, c’est à travers son expérience personnelle que l’auteur restitue de l’intérieur la souffrance pour ceux qui vivent  cette maladie psychique et son impact sur les proches.  Ce récit  magnifique est porté par une écriture superbe. 

Quel livre vous êtes-vous promis de lire ?
« Les chiffonniers de Paris » de Antoine Compagnon (Editions La Fabrique). J’aime me laisser surprendre et je suis certaine que ce brillant auteur  spécialiste de Proust offre ici un essai éblouissant  sur ces êtres en marge  que sont les collecteurs d’immondices et de papiers dans le Paris du XIX e siècle. Du savoir, mais avec de la saveur. 

Quel est le livre culte que vous défendez depuis toujours avec ferveur ?
Ce n’est pas un livre, mais une œuvre, celle de Balzac qui me suit depuis longtemps.  Je l’ai découvert au Lycée avec « le père Goriot » et depuis j’aime tout de lui. Mais comme il faut  n’en citer qu’un, je choisis « Le colonel Chabert ». Il y a tant d’humanité dans ce roman, tant de choses à y apprendre.  C’est un ouvrage essentiel.  

Quel beau livre pour  conseillez-vous pour dépenser nos étrennes ?
« Habiter la planète. Atlas mondial de l’architecture traditionnelle et vernaculaire » de  Sandra Piesik (Flammarion) Comment à travers la planète et fonction des conditions climatiques, les gens ont réussi à créer leurs lieux de vie. Fascinant et très beau. 

Une brève de librairie :
Un jour, une amie de lycée avec qui je partageais ma passion pour les livres et que j’avais perdue de vue m’appelle. Je lui raconte que l’on venait d’ouvrir une librairie et elle me répond que de son côté, elle sortait un roman. Et là elle s’exclame : « Tu te rends compte tout ce dont on rêvait est advenu ». C’est vrai qu’il faut toujours garder en tête que même les géants ont été des enfants. On ne s’était pas vues depuis trente ans et on a organisé une jolie rencontre à « L’arbre à Papillons » autour de son livre qui nous a donné l’impulsion pour en faire plein d’autres par la suite. 


Librairie L’Arbre à Papillons
20 place d’Armes
57370 Phalsbourg
06 11 57 23 69 

Au temps des livres


Ancienne bibliothécaire, Aurélie Bouhours  a porté pendant dix ans son rêve d’avoir sa librairie. En 2007 à l’aube de ses quarante ans, celui-ci s’est accompli à Sully-sur-Loire tout près du très visité château du même nom. Quand il a fallu baptiser son enseigne, elle a eu du mal à trouver. « Je voulais que ce soit un peu drôle, mais on me disait de ne surtout pas faire de jeux mots». C’est en pensant à son père brocanteur et à l’odeur des livres qu’elle aime tant, que s’est imposé « Au temps des livres » comme un hommage littéraire à sa passion pour l’objet relié, son papier et son âme. Mais ne vous fiez pas aux livres anciens qui ornent la jolie devanture rouge, vous êtes bien dans une librairie généraliste à la pointe de ce que la littérature contemporaine peut proposer. Bons conseils de lecture, assurés.  

Quel roman français voulez-vous nous faire découvrir ?
« Mistral perdu ou les évènements » de Isabelle Monnin (Editions JC Lattès). La relation entre deux sœurs dont l’une va disparaître  brutalement à 26 ans. Deux filles dans les années 70, avec la grande et la petite histoire qui se rencontrent et se télescopent. Ce texte permet de comprendre comment on vit avec le manque. Il m’a bouleversé.

Du côté de la littérature étrangère, que nous conseillez-vous ?
« Lettre à Helga » de Bergsveinn Birgisson. (Editions Zulma). Au cœur de la lande islandaise,  âpre et sauvage, un vieil éleveur de brebis écrit à la seule femme qu’il a vraiment aimée d’une passion hélas impossible. Cet homme simple et touchant nous raconte l’histoire de son amour raté avec une profonde sensibilité.

Y a-t-il un premier roman qui vous a particulièrement marqué ?
« Ces rêves qu’on piétine », Sébastien Spitzer (Éditions de l’Observatoire).
Deux parcours qui se recoupent. Celui d’une petite fille qui fuit les camps de concentration durant les marches de la mort et celui de l’énigmatique Magda Goebbels qui va entrainer ses enfants dans sa chute  lors de l’effondrement du IIIème Reich. Un livre grave, mais très bien construit et tout à fait passionnant.

Quel livre vous êtes-vous promis de lire ?
« Voyage au bout de la nuit » de Louis Ferdinand Céline (Folio). Il m’oppresse, me glace. Quand je l’ai en main, je n’arrive pas à respirer. Mais je me suis jurée qu’un jour j’en viendrai à bout.


Quel est le livre culte le plus emblématique de la librairie que vous défendez avec ferveur ?
J’en ai deux. « Songe à la douceur » de Clémentine Beauvais (Éditions Sarbacane). Une réécriture d’Eugène Onéguine de Pouchkine. Une histoire d’amour entre deux adolescents qui se sont aimés et se retrouvent dix ans plus tard. L’écriture en vers est époustouflante. Ce texte est une perle avec un travail typographique  exceptionnel.   C’est presque un roman cinématographique. Le deuxième, c’est « Eux sur la photo » de Hélène Gestern. (Éditions Arléa).  L’histoire d’une femme qui a perdu sa mère quand elle avait trois ans et qui découvre dans les  papiers de la famille, une photo  de la disparue avec un homme qu’elle ne connait pas. Elle va tenter de le retrouver. C’est un échange épistolaire captivant autour de la découverte d’un secret de famille.  

Une brève de librairie :
Elle a un lien avec « Eux sur la photo ». J’ai rencontré un lecteur belge qui faisait du tourisme à Sully. Je lui conseille ce livre et en retour il m’envoie un message qui m’a marquée. Il avait perdu contact avec sa femme et ses enfants.  Après la lecture de ce texte, il s’est dit qu’il fallait absolument qu’il ne déménage pas pour que ses enfants le retrouvent avec les photos qu’il leur a laissées et qui pourront les aider dans leur enquête si un jour il leur prenait l’idée de reprendre contact avec lui. 

Au Temps des livres
5 Rue Porte de Sologne
45600 Sully sur Loire
02 38 05 58 39