mardi 29 mars 2016

Chapeau rouge et surtout chapeau bas pour cette belle librairie quimpéroise



Quand on arrive chez Ravy, on est tout de suite saisi par le décor. La générosité des  volumes de ce bâtiment de verre et d’acier réparti sur deux nivaux en impose. Il se dégage de cette vaste librairie en rouge et noir, une atmosphère de quiétude qui  invite à flâner au milieu des ouvrages et à se poser dans le bel espace café à l’étage. « S’il n’y a pas d’envie, on ne peut y mettre du cœur » nous dit tout de go, Jean Michel Blanc l’heureux propriétaire des lieux.  Son souhait le plus profond : que tous, lecteurs, visiteurs, auteurs et son équipe se sentent bien en ses murs. Question librairie, Jean–Michel Blanc, connait plus que bien son rayon. Avant de racheter  Ravy en 2007 il dirigeait déjà  trois librairies La Procure : à Brest, Vannes et Quimper et ce depuis le début des années 80.  Et c’est lui qui a fait grandir et se déployer la librairie Ravy pour l’installer en juin 2011 dans les 1200 mètres carrés du passage du Chapeau rouge. Ce tout jeune quartier culturel du centre historique de la ville est à deux pas de la médiathèque, du centre d’art contemporain et de l’école des beaux arts.  Ici, la philosophie n’est pas de vendre à tout prix, mais de bien comprendre le lecteur et d’être constamment en prise avec l’actualité pour adapter l’offre au cours du temps et des évènements. Mais il tient aussi à cœur  au nouveau propriétaire de préserver l’esprit d’authenticité créé depuis les années 60 par les fondateurs de cette institution quimpéroise : Malou et Jean Ravy. 

Quel est le livre le plus emblématique de votre librairie que vous défendez avec ferveur ?
« Mon traître » de Sorj Chalandon (Grasset). Je l’ai découvert il n’y a pas longtemps avant un voyage en Irlande. J’ai été tout de suite accroché par l’écriture et surtout par la profonde humanité de ce livre. En Irlande du Nord, un jeune parisien se lie d’amitié avec un chef de groupe de l’IRA qui devient son mentor. Alors qu’il lui voue une immense confiance et une admiration sans bornes, il va découvrir que ce leader est un infiltré de l’armée régulière britannique. C’est un livre extraordinaire sur l’esprit de résistance et ce que peut être aussi l’esprit d’attachement à une terre.

Une brève de librairie
C’est un métier qui me donne tellement de bonheur… Je vais vous confier mon seul regret qui est celui de ne pas avoir le temps de lire toutes les merveilles que nous avons en librairie et de passer à côté de beaucoup de pépites. Souvent je me demande ce que je pourrais bien faire pour y parvenir. Et hélas ne trouve pas la réponse. 

Librairie Ravy
10 rue de la Providence
29000 Quimper

02 98 95 05 36

L' Arbre du voyageur, nouvelle équipe




Rien de nouveau tout a changé. Toujours le même nom, toujours la même adresse, toujours la même bonne ambiance dans cet écrin cosy où l’on se sent bien au milieu des livres. Et pourtant quand vous poussez la porte de la librairie généraliste « L’arbre du voyageur » vous ressentez par un « je ne sais quoi » dans l’atmosphère qu’il y règne un profond changement. Il tient à sa nouvelle propriétaire Sophie Manceau, dont les yeux pétillent de cette aventure qui s’offre à elle, ce nouveau voyage.  « Des livres, des gens : auteurs, lecteurs. L’alchimie d’une librairie tient à ça, tout simplement » nous dit-elle avec un large sourire. Et les gens, on sent qu’elle les aime vraiment, autant que les livres. Ça tombe bien. Aussi chaleureuse qu’investie, elle est entourée d’une toute nouvelle équipe de trois libraires qui prennent le temps de partager leurs passions et de vous conseiller au plus près de ce que vous recherchez. Ne rien casser du passé solide de cette librairie familiale qui  avait été transmise  jusqu’alors par Jean-Marc Desmarest à Emmanuel son fils, tout en construisant un nouvel avenir créatif et dynamique, tel est l’enjeu que s’est fixé la nouvelle maîtresse des lieux. Libraire chevronnée, c’est elle qui a créé avec son ancien conjoint la librairie « Le genre urbain » à Belleville. C’est en juin dernier qu’elle a repris les rênes de cette incontournable librairie du quartier Mouffetard à Paris dans le 5e dont nous avions déjà fait le portrait sur Onlalu. Mais une reprise d’enseigne plutôt qu’une fermeture méritait bien un nouveau portait, une nouvelle aquarelle. C’est Sophie Manceau qui nous reçoit pour nous faire part de ses coups de cœur. 

Quel est le livre culte pour vous et que vous défendez avec ferveur ?
«Le Maître et Marguerite » de Mikhaïl Boulgakov (Pavillons Poche). C’est un livre merveilleux qui contient tout : une satire politique et sociale, un roman fantastique, une belle histoire d’amour, du burlesque aussi.  Tout cela abordé avec grande finesse psychologique. Un livre majeur de la littérature russe du XXe siècle qui peut plaire à tous, même aux plus jeunes. 

Une brève de librairie
Il arrive que nos clients présentent à la caisse leur carte vitale à la place de leur carte bancaire. Et on se dit  - sans grand espoir- vivement que les livres soient remboursés par la sécurité sociale.



L’arbre du voyageur
55 rue Mouffetard
75005 Paris

01 47 07 98 34

Avoir un grain n'est pas forcément de folie.




« Le goût de la lecture et de la conversation ». Quelle jolie déclaration d’intention  que celle de cette librairie de Montpellier. Mais on peut aussi s’y retrouver au calme avec « des coins silence » dotés de confortables fauteuils pour se plonger dans la poésie par exemple. Vous l’aurez compris, voilà un lieu qui cultive sa singularité. Ce qui est confirmé par notre rencontre avec Aline Huille cette ancienne libraire parisienne au caractère bien trempé. « Le Grain des mots »  elle l’a créé en 2009 et a emprunté pour son nom le joli titre du roman de Camille Laurens. À leur installation sur ce boulevard, on leur avait promis à l’époque une rénovation du quartier avec un tramway à la clef.  7 ans plus tard, rien n’a été fait  et la librairie est un peu comme  en bordure de périphérique. Mais peu importe dans le fond,  l’attractivité de la librairie est telle,  que les clients se déplacent pour  être conseillés au mieux, faire des rencontres, assister aux  lectures. Ou tout simplement passer un moment tranquille dans ce bel espace de 200 mètres carrés, dédié à tous les genres de livres pourvu qu’ils soient bons. Car pour Aline Huille ce qu’il y a de plus important dans son métier c’est « choisir avant tout ce que l’on aime ». Alors voici ses conseils de lecture avisés.

Quel est le livre que vous défendez avec ferveur,  qui est le plus emblématique de votre librairie ?
Pas facile de répondre à cette question. J’ai envie de vous dire tout Pierre Michon, tout Christian Bobin. Mais un livre que je conseille beaucoup quand j’entends « je ne trouve rien, je ne sais pas quoi lire » c’est « Luz ou les temps sauvages »  de Elsa Osorio  (Métaillié). Un roman sur une enfance volée sous la dictature argentine. Un roman  qui offre beaucoup d’émotions,  qui redonne le goût de lire et peut plaire au plus grand nombre. 

Une brève de librairie.

Je n’en ai pas une en particulier. Mais plein, avec les auteurs surtout que nous rencontrons, dont certains qui sont devenus des amis. Brigitte Giraud par exemple dont je suis très proche. Quand on a reçu Leonardo Padura, quelle joie. Bref, tout plein de bons moments…

Librairie Le grain des mots.
13 boulevard du Jeu de Paume
34000 Montpellier
04 67 60 82 38

Ici on n'écaille pas les huîtres mais on y trouve des perles




Quand on aperçoit de loin en remontant la rue du Théâtre dans le 15em la belle devanture d’angle, bleue et blanche de « L’écailler » on ressent immédiatement un appel d’air marin. Mais ne vous y trompez pas, ce n’est ni un restaurant de poisson ni  un marchand d’huîtres, mais une librairie généraliste. Son nom vient d’un de ses fondateurs dont la maison d’édition à Marseille s’appelait « L’écailler du Sud » (Pied de nez à une revue intello qui s’appelait  « Lait caillé du Sud »). Cet éditeur souhaitait avoir un point de chute à Paris pour sa maison qui soit aussi une librairie. Il s’est alors associé avec cinq copains journalistes qui voulaient défendre le livre. Depuis, il a quitté l’aventure, mais le nom est resté.

Alors que toute jeune étudiante, elle était venue à « L’écailler » pour faire des extras au moment des coups de chauffe, cela fait dix ans maintenant que Lucile Donnart est  devenue la libraire qui accompagne le développement de l’enseigne qui est  ne cesse de s’agrandir. Depuis 2012 elle est gérante-associée.  « J’ai attrapé le virus  du métier, que j’ai toujours dans la peau»,  nous dit-elle avec des flammes dans les yeux. Ses clients, elle avoue s’y attacher comme des amis et aime les accompagner dans leurs choix de lecture comme elle le fait avec nous aujourd’hui en nous livrant ses coups de cœur.

Quel est votre livre culte que vous défendez inlassablement  avec ferveur?
« Le poids des secrets ». Ce roman en cinq volumes d’Aki Shimazaki  (Actes Sud). Cinq courts récits où l’on entend cinq voix différentes autour d’une histoire de famille entremêlée de mystères et de secrets.  L’ écriture courte va à l’essentiel  et c’est un émerveillement à chaque page. Une vraie pépite.

Une brève de librairie :

Une cliente très fidèle est devenue une amie au fil du temps et de nos échanges littéraires. En lui conseillant ses lectures, sans le savoir je l’ai formée à ce beau métier de libraire puisque depuis nous travaillons ensemble ici. Du coup, elle connaît parfaitement notre fonds presque aussi bien que moi. J’aime cette histoire de transmission, d’être passeur d’une profession. 

Librairie L’écailler
101 rue du Théâtre
75015  Paris
01 45 75 30 72