mardi 17 octobre 2017

Vivement Dimanche



Il y a vingt ans,  cette librairie est née d’une envie.  Et pour comprendre celle-ci, il faut se pencher sur la géographie de la ville de Lyon construite sur deux collines : celle de Fourvière dont on dit qu’elle prie et celle de la populaire Croix Rousse dont on dit qu’elle travaille. C’est sur cette dernière, qu’en 1997 Maya Flandin eut le désir de créer pour les Croix-Roussiens : « Vivement Dimanche ». Son idée était d’ouvrir une librairie « de quartier » qui s’épanouirait au rythme d’une ambiance de village avec ses habitants qui se retrouveraient autour d’un éventail de lectures très large. Maya Flandin s’est alors évertuée à découvrir des auteurs vers lesquels elle n’aurait pas forcément eu l’idée ou le désir d’aller.  « Le revers de la confiance, c’est de donner un conseil sur mesure qui implique aussi de lire ce sur quoi nos lecteurs ont envie d’avoir un avis. Il y a là un juste équilibre à trouver  entre eux et nous».  Cette façon d’envisager le métier avec une approche aussi rigoureuse dans les échanges s’apparente à de la véritable broderie. Au fil des ans,  l’équipe s’est considérablement étoffée, ils sont aujourd’hui  dix pour souffler les bougies des vingt printemps de succès de cette dynamique librairie. C’est Maya Flandin qui nous accueille pour nous livrer ses bons conseils de lecture. 

En cette rentrée d’automne, quel roman nous conseillez-vous de lire ?
Celui de Brigitte Giraud « Un loup pour l’homme » (Flammarion). Cette romancière qui a été distinguée de plusieurs prix par le passé, revient avec un livre très intime. En Algérie pendant la guerre, un jeune appelé de 20 ans dont la femme est enceinte rencontre un caporal amputé et mutique. Brigitte Giraud est née en Algérie, elle reconstruit ici une histoire très personnelle. Qu’est-ce qui se passe pour ces hommes si jeunes, plongés dans un conflit qui les dépasse et qu’ils n’avaient pas compris. C’est sur ce motif qu’elle nous offre une très belle histoire.

Et du côté de la littérature étrangère ?
« Underground railroad » de Colson Whitehead (Albin Michel). Distingué par le Prix Pulitzer  2017 et le National Book Award 2016, ce roman qui se déroule avant la guerre de Sécession, nous plonge dans le calvaire d’une jeune esclave en fuite à travers l’Amérique.  L’auteur matérialise le nom du réseau clandestin d’abolitionnistes qui aident les esclaves à s’échapper : l’Underground railroad. Ce roman revisite les racines du racisme aux U.S.A,  dont on entend hélas encore aujourd’hui les bien tristes échos. 

Y-a-t-il un premier roman que vous nous conseillez ?
« Encore vivant » de Pierre Souchon (La brune au Rouergue). L’auteur se livre sur sa maladie : la bipolarité. Hospitalisé, alors qu’il est en crise, il nous raconte sa pathologie. On vit de l’intérieur ses troubles mentaux et l’on ressent beaucoup d’empathie pour lui avec toutes les souffrances qu’il endure.  Il évoque aussi les réactions de sa famille qui n’est jamais dans le jugement, mais se retrouve dans une forme d’impuissance à l’aider. La relation avec son père est remplie d’une profonde tendresse.  Ce texte est très touchant. 
  
Quel a été selon vous le grand livre de l’été ?
« Les garçons de l’été » de Rébecca Lighieri  (Editions P.O.L) nous raconte l’histoire de deux jeunes frères magnifiques, beaux, brillants, idolâtrés par leur mère qui leur ont tout appris sauf la bienveillance. L’un d’eux se fait arracher une jambe par un requin lors d’une session de surf. Mutilé, infirme, le voilà privé d’un futur qui s’annonçait radieux. Il se révèle alors envieux, jaloux, voire même psychopathe. C’est une petite société bourgeoise et étriquée qui apparaît suite à ce drame. Un roman qui se dévore. 

Quel est le livre le plus emblématique de la librairie que vous recommandez avec ferveur ?
« L’art de la joie » de Goliarda Sapienza ( Le tripode )  Une véritable somme sur le parcours d’une femme qui a changé de condition grâce à la lecture et l’écriture. Ce texte a une dimension universelle, sur la liberté qui s’offre à chacun de pouvoir influer sur le cours de nos existences. On est toujours prêts à le conseiller, c’est une leçon de vie d’une incroyable modernité.

Quel livre vous êtes vos promis de lire ?
« La maison des feuilles » de Mark Z. Danielewski (Denoël). L’histoire d’un mystérieux manuscrit qui rend fou. Une ambiance si particulière qu’elle m’a plongée dans un profond malaise. J’ai arrêté ma lecture mais je souhaite la reprendre tant ce texte est fascinant. Je dois juste surmonter cet état si je veux arriver jusqu’au bout. 

Une brève de librairie :

C’est une petite anecdote qui rend très modeste sur la valeur de notre métier. Une dame régulièrement depuis dix ans a l’habitude de nous demander  beaucoup de conseils de lecture. Au moment du choix final, pour trancher, elle sort un pendule et bien évidemment pour elle c’est toujours lui qui a raison. On ne peut pas lutter contre un pendule. 

Librairie Vivement Dimanche
4 rue du Chariot d’Or
69004 Lyon
04 78  27 44 10

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