dimanche 1 avril 2018

La lison, une librairie à toute vapeur


« Enthousiaste et familiale », c’est ainsi que Fantine Gros et Alix Mutte,  deux cousines libraires définissent l’esprit de la librairie généraliste qu’elles ont ouverte ensemble en 2015 près de la gare Saint-Sauveur à Lille. Elles l’ont baptisée  « La Lison » en hommage à la célèbre locomotive  de « la bête humaine » d’Émile Zola, mais aussi pour le double sens lié à la lecture. Elle ont décliné ce joli nom dans leur identité visuelle avec notamment la devanture en forme de tunnel que l’on remarque de loin. Pour elles deux, rien de plus important que le conseil et faire voyager les lecteurs sur les rails de l’imaginaire qu’offrent les livres. Ici personne n’est mis de côté. Elles ont eu la très bonne idée de proposer pour les 0 à un an des lectures par une conteuse très douée pour les bouts de choux, mais aussi de traduire des rencontres en langue des signes pour que les malentendants. Embarquement immédiat dans leur merveilleuse librairie-locomotive.

Quel roman nous recommandez-vous ?
« Une longue impatience » de Gaëlle Josse (Noir sur Blanc/Notabilia). Nous suivons cet auteur depuis longtemps. Elle écrit des livres courts et puissants. Là elle nous raconte au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, en Bretagne,  l’histoire d’une mère qui attend son fils de 16 ans disparu en mer après une dispute avec son beau père.  Un texte déchirant sur un amour filial hanté par l’attente, c’est une tragédie splendide.


Et du côté des auteurs étrangers, que nous conseillez-vous ?
« Écoute la ville tomber » de Kate Tempest (Rivages). Cette rappeuse d’à peine trente ans qui a derrière elle une œuvre poétique dense, décrit dans ce premier roman la jeunesse londonienne désenchantée qui tente coûte que coûte de préserver ses rêves et ses  désirs. On découvre les sets de Londres où les personnages attachants plongent dans les abîmes de l’alcool et des drogues pour faire vivre leurs flammes. Sans être déprimant, ce livre sans concession délivre un message universel sur les liens d’amitié et les idéaux que l’on poursuit. 

Y a-t-il un premier roman que vous avez  particulièrement remarqué ?
« Tristan » de Clarence Boulay (Sabine Wespieser Editeur). L’histoire d’Ida qui va se rend par curiosité dans une île volcanique, perdue et mystérieuse dans l’Atlantique sud : Tristan Da Cunha. Alors qu’elle attend que son compagnon la retrouve,  un cargo échoué pollue le rivage. Elle  rejoint l’équipe de sauveteurs de manchots mazoutés et rencontre un pêcheur marié avec lequel elle va nouer une relation amoureuse impossible. 

Quel est le livre le plus emblématique de la librairie que vous défendez avec ferveur ?
« Le cœur des femmes » de Martin Winckler  (Folio). C’est notre ouvrage  fétiche que nous conseillons et vendons tout le temps. Ce traité de gynécologie sur les femmes d’aujourd’hui offre une réflexion sur la pratique médicale de l’intime.  C’est un roman tout simplement magnifique porté par plusieurs voix  qui ne peut que toucher les lecteurs, qu’ils soient hommes ou femmes.

Une brève de librairie :
Tout le monde pense que l’une d’entre nous s’appelle Lison. Nous avons fait des badges et chaque petite Lison qui vient dans la librairie repart fièrement avec son prénom épinglé au vêtement.

Sinon à l’ouverture, nous avons entendu une mère dire à son fils « C’est courageux d’ouvrir une librairie  à notre époque». Elle désignait l’enseigne  à son fils comme si c’était un dinosaure. Nous avons trouvé ça triste d’imaginer que pour des gens un tel projet puisse ne pas marcher. Et c’est totalement faux, il y en a beaucoup aujourd’hui qui ouvrent avec succès et il faut que cette information circule pour dépoussiérer l’image austère liée à notre activité. 

La Lison 
8 Place Jeanne d’Arc
59000 Lille
09 83 99 70 32 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire