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dimanche 25 novembre 2018

Librairie La nouvelle chambre claire

Aquarelle ©Brigitte Lannaud Levy


Défendre le livre comme le meilleur espace pour montrer le travail des photographes et les imposer comme celui d’auteurs à part entière. Voilà comment pourrait se résumer la vocation de cette très belle librairie parisienne qui vient d’être reprise par deux de ses libraires Catherine Rambaud et Jensen pour poursuivre son aventure sous le nom de « La nouvelle chambre claire », référence au célèbre ouvrage de Roland Barthes.
Quand en 1980  Monsieur Zahar a créé rue Saint-Sulpice à Paris la librairie « La Chambre claire », il n’existait alors dans la capitale aucune librairie spécialisée dans la photo. Le lieu est vite devenu incontournable pour tous les professionnels, collectionneurs ou simples passionnés de cette discipline. C’est en 1986 que Jensen en prend les rênes comme libraire pour y  incarner avec la passion qui l’habite toute l’âme de ce lieu nourri d’échanges et de rencontres.  Aussi quand Monsieur Zahar le propriétaire a décidé de lâcher l’affaire l’automne dernier pour prendre sa retraite, c’est tout naturellement que Jensen épaulé de Catherine Rambaud  (elle-même libraire des lieux depuis 2010) ont relevé le défi de reprendre le fonds et de trouver un nouvel espace. C’est le 18 septembre dernier que la librairie galerie « La nouvelle chambre claire » a ouvert ses portes rue d’Arras dans le cinquième arrondissement de Paris. Toute la profession, photographes et éditeurs se sont  mobilisés pour soutenir cet espace qui leur est cher et dont l’ambition  première est de  porter un nouvel œil sur la photographie contemporaine. Raymond Depardon en est le parrain, gage de qualité et de beaux lendemains.  Des expositions y sont organisées très régulièrement et des évènements de type rencontres et dédicaces.  C’est Catherine Rambaud qui nous reçoit aujourd’hui pour partager ses coups de cœur.

Quel beau livre photo souhaitez-vous mettre particulièrement en lumière ?
« Deep Night » de David Nissen (auto-édité).  Directeur de la photo pour le cinéma, les clips et la pub, nous aimons  particulièrement son regard et l’avons exposé jusqu’au 20 octobre dans notre galerie. Il nous dévoile dans ce livre un travail sur la nuit, en jouant principalement sur les noirs, bien que son traitement photographique soit la couleur. C’est très beau.

Quel livre d’un maître de la photo pouvez-vous nous faire découvrir ?
«  Dr Blankman’ New-York Kodacromes 1966-1967 » de l’immense Tod Papageorge. Très connu pour son travail en noir et blanc, sur les conseils d’un ami il a pris cette série de street photos en kodacrome  dans l’espoir de vendre ses images plus facilement aux magazines.  Le résultat est réuni dans ce beau livre.

Et du côté du regard des femmes que nous recommandez-vous ?
« Pigalle People 1978-1979 »  de Jane Evelyn Atwood (Editions le Bec en l’air). Alors qu’elle réalisait une série de photos sur les prostituées de la rue des Lombard, la jeune photographe  franco-américaine rencontre des transsexuelles du quartier qu’elle photographie sans pour autant dévoiler et publier le résultat. Ce n’est qu’aujourd’hui , quarante ans plus tard que refait surface ce témoignage unique sur cette vie poignante des trans en lutte avec la drogue, la violence, le sida.  Dans la post-face du livre,  elle dévoile son attachement sincère pour ses modèles qui pour certaines sont devenues des amies.  


Quel est le livre culte le plus emblématique de la librairie ?
Le livre-rétrospective de l’œuvre photographique du Sud Africain Pieter Hugo  (Prestel ). Il porte un regard aussi puissant que juste et très humain sur le quotidien des gens  dans les communautés africaines. Sa démarche est toujours frontale  quoique parvenant à mélanger les genres entre tradition et modernité.  Quand on veut montrer à un jeune photographe une œuvre qui fait autorité, on en vient toujours à ce magnifique livre de Pieter Hugo.   C’est une telle source d’inspiration.

Brève de librairie
Pour nous soutenir, les photographes les plus connus, mais aussi les plus jeunes ont pris l’habitude de venir spontanément à la librairie en dehors de tout événement particulier pour pré signer leurs ouvrages. Ce qui provoque de jolies rencontres impromptues et crée de véritables impulsions d’achat pour les lecteurs.  C’est une bien jolie façon de nous soutenir, nous qui soutenons leur travail. 

La nouvelle chambre claire
3 rue d’Arras
75005 Paris
01 42 01 37 36


jeudi 25 octobre 2018

Librairie des petits Platons (Paris)





Bonne résolution de rentrée et si on philosophait ? Poussons la porte de la librairie « Les Petits Platons » qui se situe à Paris à deux pas du Panthéon.  Ici on n’attend pas pour nos têtes blondes la classe de terminale pour pratiquer avec eux l’art de philosopher. Dans cette librairie jeunesse orientée philo, on y trouve des ouvrages destinés à toutes les tranches d’âge et ça commence dès 3 ans.  Si la philosophie est l’amour de la sagesse, il est clair que Jean Paul Mongin philosophe, éditeur et librairie est tout sauf sage et aime sortir des sentiers battus.  Il pratique sa discipline avec cœur et rigueur, mais sans jamais se prendre au sérieux et surtout avec la volonté de ne jamais être ennuyeux. C’est ainsi qu’il a eu la belle idée  en 2010 de créer une maison d’édition de livres philosophiques pleins d’esprit et d’humour qui s’adressent aux jeunes. Il a joliment baptisé  sa maison « Les petits Platons ». L’enjeu pour lui est de raconter les grands philosophes, leurs questionnements, leurs visions du monde sous forme d’histoires rigolotes. Et ça marche, ses livres sont traduits dans 26 langues et comme le veut l’expression consacrée, se lisent de 3 à 77 ans. C’est son épouse Morina qui assure la direction artistique avec une sélection d’illustrateurs de qualité et une fabrication soignée.  C’est en 2014 que  la librairie a ouvert ses portes pour proposer outre les ouvrages maison, une sélection de beaux livres, de revues et d’objets ludiques comme ces drôlissimes marionnettes à l’effigie de nos grands penseurs . Régulièrement Jean Paul Mongin organise des rencontres ou ateliers phisolophiques à la librairie  et au théâtre de l’Odéon pour les adultes.

Quel « Petit Platon » nous conseillez-vous pour nous initier à votre collection?
« Newton et la confrérie des astronomes » de Marion Kadi et Abraham Kaplan, illustré par Tania Boyko.  Un récit fantastique et scientifique qui réunit autour de Newton : Ptolémée, Copernic, Galilée, Kepler, Descartes, Leibniz... On y découvre au fil d’une palpitante aventure des notions comme la gravitation, les phénomènes optiques entre autres. Un livre aussi instructif que follement amusant.

Quel est selon vous l’incontournable de votre collection, l’ouvrage pilier ? 
Je vous en citerai deux. Le premier « Diogène l’homme chien » de Yann Marchand illustré par  Vincent Sorel.  Pour être libre comme un roi, il faut être libre comme un chien, car tout ce que l’on possède nous possède. Dans ce livre Diogène est un vrai chien, libre, furieux, increvable. Voilà une belle et distrayante réflexion sur la liberté. 
Le second : « La folle journée du professeur Kant » illustré par Laurent Moreau et écrit par mes soins. Kant est très souvent jugé sévère et austère, aussi ce livre propose de le découvrir de façon drôle et décalée autour d’une série de questions  qu’il s’est posées lors d’une journée passée à Königsberg : Que puis-je connaître ? Que dois-je faire ? Que m’est-il permis d’espérer ?  Qu’elle est le secret de la beauté ?

Quel beau livre nous recommandez-vous ?
« Kanjil et le roi des tigres. Conte d’Indonésie » de Béatrice Tanaka  (Editions Kanjil). C’est un livre CD qui raconte comment le petit Kanjil empêche un démon d’envahir son île  et de croquer ses amis.  Sur la base d’un conte traditionnel indonésien, elle réunit une belle documentation sur le théâtre d’ombres et y adjoint la musique traditionnelle de Java.

Une brève de librairie

Récemment un orthophoniste nous a raconté qu’un garçon de 12 ans qui n’avait pas appris à lire s’est passionné dans son apprentissage par « La mort du divin Socrate ». Le personnage de Socrate l’a profondément touché par sa marginalité et sa quête de vérité. Un retour de lecture comme celui-là justifie à lui seul toute la collection.  Il y a aussi ce papa qui nous a expliqué que sa fille qui avait passé un bac scientifique, contre toute attente s’était engagée dans des études de philo suite à la lecture enfant de nos Petits Platons. Nous sommes fiers d’avoir suscité une vocation.

Librairie des petits Platons
7 rue des Fossés Saint Jacques
75005 Paris
09 81 72 23 49